Abstract
Résumé — Le but de cet article est de montrer que le cœur de la pensée de Simone Weil réside moins dans une philosophie de la nécessité comme telle que dans une philosophie de la rencontre de la nécessité et de l’âme humaine, et de ses effets, du malheur à l’amour, en passant par la vérité. Présente d’emblée, cette pensée connaît cependant deux étapes, comme si l’accent passait de la nécessité à ses effets, étapes que l’on étudie à travers deux textes précis commentés comme les classiques qu’ils devraient être dans la philosophie du XXe siècle en France. C’est aussi par là que Simone Weil rejoint les principaux de ses contemporains, parmi lesquels Camus et Cavaillès, et ainsi le cœur du moment de la Seconde Guerre mondiale, en philosophie comme ailleurs.— This paper intends to show how the core of Simone Weil’s thought is to be found less in a philosophy of necessity as such, than in a philosophy of the encounter between necessity and human soul, and the effects of that encounter, from woe to love, and including truth. However constant, this thought evolves through a difference of accent, as if the stress went from necessity to its effect ; this difference is here studied through the reading of two major writings, which deserve to be considered as XXth Century philosophical classics. It is also through this central thought that Simone Weil meets with such major contemporary philosophical figures as Camus and Cavaillès, and thus with what should be called the moment of the Second World War, in philosophy as elsewhere