Etienne-François Geoffroy, l’un des chimistes français les plus importants du début du XVIIIe siècle, entretenait des relations régulières avec l’Angleterre. Il était chargé de développer les échanges entre l’Académie royale des sciences et la Royal Society de Londres. Quand il publia sa « Table des rapports entre les substances chimiques » en 1718, Fontenelle et quelques autres lui reprochèrent d’avoir introduit en chimie le système des attractions newtoniennes. Mais en fait, Geoffroy s’est toujours tenu à l’écart aussi (...) bien du mécanisme cartésien que du newtonianisme, le recours aux expériences et à la littérature alchimique constituant ses seules sources d’inspiration. Geoffroy apparaît ainsi comme le représentant d’une chimie empirique, soucieuse de conserver l’autonomie de sa discipline. (shrink)

Si les savants du xviie siècle revendiquaient la responsabilité morale qui découlait de leur connaissance particulière, leurs mécènes préféraient les applications fidèles et utiles de cette connaissance. Un savant osait-il, donc, s’opposer à son mécène? Trois associés, au moins, de l’Académie royale des sciences se distinguatient de Louis XIV sur des questions de philosophie naturelle, de religion et de politique. Le cas de l’un d’eux, Nicolas Hartsoeker, un savant hollandais et fabricant d’instruments d’optique, espion de Louis XIV (...) pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, révèle des liens complexes entre science et conscience pendant la révolution scientifique. (shrink)

-/- On connaît déjà l’importance de la question des renvois dans l’Encyclopédie, théorisée par Diderot lui-même au cours de la rédaction de l’article Encyclopédie. Cet article se penche sur un aspect de cette question en prenant appui sur la manière dont ce type de procédé de liaison s’incarne dans l’élaboration de l’Histoire de l’Académie royale des sciences ainsi que dans les Tables alphabétiques qui ont été dressées pour ces volumes. Cette manière d’aborder la question apparaît d’autant plus (...) utile qu’elle permet de rendre compte d’aspects spécifiques de la pratique de Diderot comme éditeur de l’Encyclopédie. (shrink)

Quand Colbert fonda l’Académie des sciences dans le but de dynamiser l’industrie, aucun chimiste de l’Académie n’était encore susceptible de rationaliser l’art très empirique de la teinture. Au XVIIe siècle, la teinture n’était pas un sujet traité lors des séances de l’Académie, en revanche l’intérêt des académiciens pour cet art chimique a pris de l’ampleur dans les années 1750 sous l’impulsion de Pierre-Joseph Macquer et du Bureau du Commerce. Dans cet article, la présentation de l’art de (...) la teinture à l’Académie des sciences au XVIIIe siècle est centrée principalement sur les premiers travaux académiques sur la teinture, sur les mémoires de Macquer, ainsi que sur les prix et les publications sur la teinture proposés par l’Académie.Au cours du XVIIIe siècle, la teinture abandonnera le monde des artisans teinturiers pour intéresser le monde savant et les académiciens. La teinture acquerra ses lettres de noblesse, sortant des ateliers pour entrer à l’Académie avant de s’enseigner comme la chimie. (shrink)

Au début du XVIIIe siècle, une querelle éclate entre deux chimistes français à propos de la fabrication artificielle du fer. C’est en fait un conflit entre une interprétation mécaniste des processus chimiques et une approche plus traditionnelle, soupçonnée d’emprunter ses thèses à l’alchimie, mais qui sera pourtant à l’origine de la table des affinités qui sera adoptée par tous les chimistes jusqu’au début du XIXe siècle.

Le laboratoire alchimique, qui passe volontiers pour le lieu privilégié de l’élaboration de la chimie ancienne, symbolisait à la fois le caractère privé, si ce n’est secret, de cette science et la nécessaire articulation de ses théories avec une pratique qui lui donnait son sens : il ne s’agissait pas seulement de trouver la pierre philosophale, mais aussi de fabriquer des médicaments et des substances chimiques répondant aux demandes sociales. Lieu privé, réservé à des disciples choisis, il .

The Système de philosophie by Pierre Sylvain Régis can be considered as the achievement both of the scientific liveliness of the Académie des Sciences in the 17th century and of its fruitful relationship with the Royal Society. Since it aims to shape the new conception of the universe in terms of a system, the Système represents one of the most mature achievements of Cartesian philosophy and it is characterized by an empirical interpretation of Descartes’ thought. The Système therefore (...) reflects two important phenomena occurring in the Europe of the 17th century: the scientific revolution and the proliferation of Academies. In fact, this ambitious work could be undertaken with the support of the Académie des Sciences and the Journal des Sçavants. My paper will analyse the French context by focusing to outline the role which the Académie de France had both in France, as the medium of dissemination of the new philosophy despite censorship, and abroad, in particular through the relationship with the Royal Society in England. I aim to analyse the role of the Journal des Sçavants as a means to share ideas other than by correspondence and as a trait d’union between “rationalist France” and “empiricist England”. I intend to question whether it is possible to establish a connection between the empirical interpretation of French Cartesianism, the consolidation of the Académie de France and the employment of new means of academic communication. The paper will show that the second half of 17th century France represents a remarkable exception to the conventional picture, which states that in 17th century Europe, following the success of a mechanistic interpretation of reality, two philosophical school clashed: rationalism, predominating on the continent, and empiricism, in England. (shrink)

En avril 1775, alors que le ministère Turgot rencontre les plus vives oppositions et attaques et va devoir affronter les émeutes liées au prix du blé, les amis de Turgot, D'Alembert et Condorcet, sont à des postes clés de la cité savante : le premier comme secrétaire perpétuel de l'Académie française, le second comme adjoint du secrétaire perpétuel de l'académie royale des sciences de Paris, Grandjean de Fouchy, dont le retrait est attendu. Dans une lettre à (...) Joseph-Louis de Lagrange, alors directeur de la classe de mathématiques à l'académie de Berlin, D'Alembert se plaint que Condorcet et lui essuient des « tracasseries » à l'Académie des sciences. Au même moment, Mme Grandjean de Fouchy, demande à D'Alembert six mille francs pour éviter l'expulsion de leur logement. Comment ces différents événements interfèrent-ils ? (shrink)

During the querelle des infiniment petits Leibniz wrote several texts addressed to Parisian savants to justify the use of the differential calculus, but only three of them were made public. One of the three, the “Sentiment de Monsieur Leibnitz”, was published without authorization in 1706 at the peak of the quarrel, together with the writings of other mathematicians united in the defence of the new calculus ( Joseph Saurin, Jacob Hermann and the Bernoulli brothers). However, Jean-Paul Bignon, director of the (...) Académie Royale des Sciences, confiscated the prints. All copies of this publication were assumed to be lost, but we have recently identified one copy of it in the British Library catalogue. In this article, we analyse the “Sentiment de Monsieur Leibnitz” by contextualizing it not only from an epistemological approach but also from a political perspective. We will examine the institutional issues at stake by relying on recently published correspondence. (shrink)

ArgumentThis paper aims to understand the emergence of comparative anatomy in the eighteenth century in the Parisian Académie Royale des Sciences. As early as the 1670s, a program centered on animal anatomy was conceived, which was a first attempt to give some autonomy to studies on animals and to link anatomy with natural history, but it declined after 1690. However, a variety of studies on animals was published in theMémoiresof the Académie during the eighteenth century. We (...) propose a descriptive typology of them in order to explore the status of animals and the significance of anatomy in each type, and to determine, in particular, which elements of Perrault's program were passed on at the Académie throughout the century. We discuss the influence of this legacy on the development of comparative anatomy after 1750, especially in Daubenton's work. (shrink)

Cet article part du point de vue de Fontenelle pour aborder le devenir scientifique de la chimie au sein de l’Académie de la fin du XVIIe siècle à la première moitié du XVIIIe siècle. Contre la vision traditionnelle d’un Fontenelle cartésien centré sur les mathématiques et la physique, le travail du Secrétaire perpétuel de l’Académie Royale des Sciences montre un intérêt réel pour la chimie et les chimistes, ainsi qu’un regard éclairant sur la diversité, les continuités (...) et les évolutions des chimies pratiquées à l’Académie. La confrontation des comptes rendus et des éloges de Fontenelle avec les mémoires des savants révèle une mise en perspective remarquable, à la fois historique et épistémologique, qui souligne la spécificité de la chimie tout en l’articulant avec les autres sciences – notamment la physique. Pluralisant les approches, Fontenelle joue subtilement avec les catégories de la rupture et de la continuité, de la pluralité des pratiques scientifiques et de l’unité d’un horizon commun. Il construit ainsi, non un récit continu de l’évolution de la chimie académique, mais l’image nuancée d’un devenir complexe et pluriel. (shrink)

In 1821 the French Académie Royale des Sciences sponsored a prize competition on the causes of animal heat. Carefully designing the contest to serve several interests, the Académie (especially Cuvier and Berthollet) sought to defend Lavoisier's theory and method for studying animal heat and to restore a pre-1789 ideal of non-utilitarian scientific practice. Changing standards of precision in physical research, however, sabotaged these intentions. Even with improved experimental apparatus and techniques, the chief contestants could not quantitatively (...) confirm Lavoisier's theory. Unpublished documents reveal anonymous entrants who refused to accept the Académie's definition of the question. The 1821 competition, then, rendered Lavoisier's theory more dubious than ever in the eyes of contemporary physiological writers. (shrink)

Publicada em sete volumes entre 1710 e 1746, Miscellanea Berolinensia foi o principal jornal da Academia de Berlim, cuja fundação se deve ao próprio Leibniz em 1690, a dissolução da Societas ocorreu em 1744. A nova instituição, a Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Prusse, conseguiu a Societas, e a Miscellanea Berolinensia foi sucedida pelo Berlim histoire et mémoires em 1745/46.

Tradução do texto originalmente intitulado "Dissertation sur la politique des Romains dans la religion", de Charles-Louis de Secondat, barão de La Brède e de Montesquieu. Trata-se de trabalho apresentado no dia 18 de junho de 1716 à Academie Royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux e somente publicado após a sua morte.

R. P. de Lamanon was trained in theology and philosophy, but he chose the career of a self-taught geologist/naturalist, later adding experimental physics to his skills. Recommended by Condorcet, Secretary to the Académie Royale des Sciences, for the post of ‘Naturaliste’ on La Pérouse's expedition, he carried out delicate measurements at sea requested by the Académie and made two important discoveries: the barometric tide at the equator, and the variation of magnetic intensity with latitude. Killed by (...) natives of Samoa in 1787, his reports were long delayed in publication, inadequately presented, and some even lost. Except for brief recognition by von Humboldt many years later, Lamanon's pioneering measurements have been largely ignored or forgotten. This paper revives his memory. (shrink)

Le rôle des mathématiques dans la formation des officiers de l’armée néerlandaise, a profondément changé pendant le premier xixe siècle avec la fondation de l’Académie militaire en 1828. Les mathématiques étaient au centre de la formation. L’Académie était un des lieux les plus importants de diffusion des connaissances mathématiques aux Pays-Bas pendant la première moitié du xixe siècle, mais elle a perdu ce rôle pendant les années 1860-1870. Dans cet article, je me propose d’examiner à la fois les (...) programmes de l’Académie et le rôle central des enseignants de mathématiques de l’Académie dans la Société Mathématique néerlandaise et dans l’Académie royale des Sciences. Par ailleurs, l’évolution des mathématiques, visible dans ces deux institutions dans les années 1850, n’a pas entraîné une adaptation des programmes au sein de l’Académie. Ainsi, à partir de 1870, l’Académie a presque complètement disparu de la vie mathématique des Pays-Bas. The role of mathematics in the education of Dutch army officers changed dramatically in the early 19th century. This shift became visible with the founding of the Dutch Royal Military Academy in 1828, which shows the role of mathematics in military education shifting toward a purely pedagogical function. This change in approach, which primarily occurred in 1860’s, affected the standing and perception of an academy once highly respected in the field of mathematics. In the present work, I examine both the curricula at the Academy and the crucial role of the Academy’s mathematics instructors in the Dutch Mathematical Society and the Royal Academy of Sciences. Importantly, these two institutions managed to successfully adapt to the changing character of mathematical sciences that occurred around 185 Mathematicians at the Royal Military Academy, however, appeared to cling to an outdated view of mathematics. Failing to update their approach ultimately caused the Academy to lose its once prominent place in the Dutch mathematical community. (shrink)

Cette contribution propose une analyse comparée de la manière dont Bernard de Fontenelle, pour l’Académie des sciences de Paris, et Samuel Formey, pour l’Académie des sciences et des belles-lettres de Berlin, théorisent le rôle et le mode de fonctionnement des académies, ainsi que leur inscription dans la catégorie générale d’histoire de l’esprit humain. Cela permet de montrer comment leur fonction épistémologique est en étroite relation avec le statut politique qui leur est conféré.

Cette contribution propose une analyse comparée de la manière dont Bernard de Fontenelle, pour l’Académie des sciences de Paris, et Samuel Formey, pour l’Académie des sciences et des belles-lettres de Berlin, théorisent le rôle et le mode de fonctionnement des académies, ainsi que leur inscription dans la catégorie générale d’histoire de l’esprit humain. Cela permet de montrer comment leur fonction épistémologique est en étroite relation avec le statut politique qui leur est conféré.

On sait peu de choses d’Edme Mariotte, membre de l’Académie royale des sciences de 1668 à 1684. Une analyse de son Essai de logique montre cependant que, pour défendre ses pratiques expérimentales, il s’appropria des bribes venues de différentes traditions intellectuelles. Ainsi, ce livre examine ce qu’on entendait par « méthode » à la fin du XVIIe siècle, les épistémologies de la physique qui s’affrontaient alors, quelques débats ouverts par la gestion de l’héritage cartésien. Mais l’essentiel sera (...) peut-être la question suivante : comment reconstituer les idées d’un savant ordinaire, qui n’a ni bouleversé l’ordre des sciences, ni montré une perspicacité épistémologique exceptionnelle ? (shrink)

Cet article a pour objet de montrer la nouveauté du traitement varignonien du mouvement des projectiles dans les milieux résistants par rapport au traitement de ce problème présenté entre autres par Newton dans les Principia. Aussi, après avoir analysé cursivement différentes Propositions du Livre II des Principia, nous étudierons plus spécialement, dans les Mémoires présentés par Varignon à l'Académie Royale des Sciences entre 1707 et 1711, la mise en place de l'expression d'une ‘Proposition générale’. Nous montrerons ensuite (...) sur quelques cas particuliers en quel sens on peut dire que l'étude du mouvement des projectiles dans les milieux résistants se réduit alors, pour l'essentiel, à de simples questions d'intégration et de différentiation.SummaryThe aim of this article is to show the novelty of Varignon's treatment of the motion of projectiles in resisting media in comparison with the treatment of this problem presented, among others, by Newton in the Principia. Also, having briefly analysed the various propositions of Book II of the Principia, we shall study more particularly, in the memoirs presented to the Académie Royale des Sciences by Varignon between 1707 and 1711, the setting up of the expression of a ‘general proposition’. Next, on the basis of some particular cases, we show the sense in which we can say that the study of the motion of projectiles in resisting media is thereby reduced essentially to simple questions of integration and differentiation. (shrink)

L’objectif de cet article est de rendre compte de la création et de la transmission d’un savoir mathématique lié aux combinaisons par le biais d’un support matériel particulier : les pavés mi-partis. Ces derniers sont des carrés du plan divisés par une diagonale en deux parties de couleur différente. Tour à tour objet d’ornement, objet de réflexion mathématique à partir du xviiie siècle grâce au Mémoire sur les combinaisons du père Truchet à l’Académie royale des sciences, objet (...) pédagogique dans les Récréations mathématiques d’Édouard Lucas au xixe siècle ou objet ludique, le pavé mi-parti présente une patrimonialisation originale d’un savoir mathématique, porté par un objet souvent considéré comme un simple jouet. (shrink)

En 1705, Wilhem Homberg, le principal chimiste de l’Académie royale des sciences, proposa une nouvelle théorie chimique selon laquelle le Soufre principe des corps mixtes était identique à la lumière. Il affirma par la suite que cette lumière corporelle était la seule source d’activité et de changement dans les substances matérielles. Cet article montre comment la théorie de Homberg s’élabora progressivement pendant de nombreuses années sous l’influence de ses observations et des résultats de ses expériences de laboratoire, (...) ce qui nous fournit un exemple de la manière selon laquelle un chimiste du début du XVIIIe siècle a pu développer une théorie raffinée grâce à l’interaction de la réflexion et de la manipulation. L’influence probable de la théorie de Homberg sur les fameuses « questions chimiques » de Newton est également signalée ici pour la première fois. Enfin l’article avance que nous comprendrons plus précisément l’histoire de la chimie si nous reconnaissons le caractère spécifique de la chimie et sa relative autonomie, plutôt que si nous cherchons à lui imposer des développements faciles et convenus tirés d’autres champs du savoir comme la philosophie ou la physique. (shrink)

Sous le titre Renaissance de la philosophie sont regroupés ici, en traduction française, quatre textes du philosophe, psychologue et musicologue allemand Carl Stumpf. Outre l'autobiographie remarquablement précise dans laquelle il décrit notamment l'ensemble de ses travaux jusqu'en 1924, nous avons réuni trois textes dans lesquels sont présentés les principes fondamentaux du programme philosophique de Stumpf. " La renaissance de la philosophie " est son discours de rectorat prononcé à l'université de Berlin en 1907, soit exactement cent ans après le discours (...) de rectorat de Fichte prononcé à la même université sous le titre " Discours à la nation allemande ". Les deux textes de l'Académie, " Phénomènes et fonctions psychiques " et " De la classification des sciences ", publiés tous les deux en 1906 par l'Académie royale de Berlin, ont fait l'objet de nombreuses discussions à cette époque. Ils se complètent admirablement puisque la distinction qui donne son titre au premier fonde la classification des sciences qui fait l'objet du second. Cet ouvrage contient également une présentation substantielle de l'œuvre de Stumpf et du contexte historique auquel appartiennent ses quatre textes traduits, une bibliographie complète de ses publications et un index. (shrink)

An examination of British and French weights exchanged between the Royal Society and the Académie royale des sciences in the 1730s has led to a re‐assessment of the Elizabethan troy standards from the Exchequer and the suggestion that the mass of the troy pound has been revised upwards. In turn this is used to support the idea of an evolutionary relationship between the early bullion ounces of England, France, and the Low Countries.

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:Toward the Materiality of Aesthetic ExperiencePeter de Bolla (bio)Over the last twenty years or so it has become a commonplace in discussions of "aesthetics" or of "art" in the most general sense to note that the term "aesthetics" was only very recently invented by Alexander Baumgarten in 1735, where it appears in his Meditationes philosophicae de nonnullis ad poema pertinentibus [see Menke 40; Dickie; Eagleton]. But the force of (...) this observation in regard to the relative youth of the concept is rarely, if ever, commented upon. As many philosophers and critics have pointed out, Baumgarten's use of the term was not primarily angled at what today might be unproblematically called "artworks"—say, paintings in the European grand master tradition—since his new kind of investigation was to be a "science of sensual recognition," that is, a general inquiry into how we come to know the world from the evidence of our senses. But, as is also frequently remarked, early on in the tradition of speculation now associated with "aesthetics as the study of art" the mutual attraction (to put it in the most anodyne terms) of "art" and "aesthetics" seems to have been extremely strong. As Jonathan Ree remarks, "the real begetter of the philosophical doctrine connecting the arts with the empirical senses—what we might call the aesthetic theory of the arts—was Gotthold Ephraim Lessing" [58]. From this point on (for heuristic purposes it may be identified with the date of publication of Lessing's Laokoon in 1766), artworks, which heretofore had not required a specific branch of inquiry in order for them to make sense or be conceptually grounded as art, are almost universally assumed to require "aesthetic" contemplation or appreciation.1 It is curious, then, that before 1766 such a mode of experiencing artworks had not been felt to be lacking.One might understand this observation both historically and philosophically, and both approaches, it seems to me, are needed. In the case of the first, a number of material effects conspired across mid-eighteenth-century Europe to produce what was in essence the modern art market. These include the legal establishment of copyright, first in England in 1709 but only by the end of the century in France and Germany; the foundation of various institutions whose primary purpose was the promotion and establishment of the fine arts: academies of painting, sculpture, or letters either with or without royal patronage; the public exhibition of paintings (from 1737 in France and 1761 in England); the opening of royal collections to public view (during the second half of the century in London, Paris, Munich, Vienna and Rome); the development of public concerts of secular music (in small scale from the 1670s in England but only becoming fully integrated in fashionable social life by mid-century); the construction of purpose-built concert venues (the Gewandthaus in Leipzig, a former cloth merchant's hall, was remodeled in 1781 in order to accommodate a resident orchestra, in effect becoming the first dedicated concert hall in Europe); the foundation of literary periodicals and review media; the emergence of social spaces and rituals encompassing polite discussion of [End Page 19] literature (coffeehouses, the construction of dedicated library rooms in domestic settings); and the promotion of architecture to a fine art through various societies, competitions, and the public display of architectural drawings in exhibition contexts (the Royal Academy yearly show included both drawings and models). These and other material conditions helped define the fine arts and construct a market in and for them.2 By the 1770s the category of the "fine arts" was well established in Britain, Germany, and France: Charles Batteux's Les beaux arts reduit a un meme principe, first published in France in 1746, was quickly translated into English as The Polite Arts; or, a Dissertation on Poetry,Painting, Musick, Architecture, and Eloquence in 1749 and into German in 1751. By 1771 a four-volume General Theory of the Fine Arts had been published for the German public by J. G. Sulzer.All of this points to the fact that the concept of the "artwork" is subject to both historical and material pressures. Prior to the mid-eighteenth... (shrink)

Book Symposium on Andrew Feenberg’s Between Reason and Experience: Essays in Technology and Modernity Content Type Journal Article Pages 203-226 DOI 10.1007/s13347-011-0017-8 Authors Inmaculada de Melo-Martín, Division of Medical Ethics, Weill Cornell Medical College, New York, NY 10065, USA David B. Ingram, Loyola University Chicago, 6525 North Sheridan Road, Chicago, IL 60626, USA Sally Wyatt, e-Humanities Group, Royal Netherlands Academy of Arts and Sciences (KNAW) & Maastricht University, Cruquiusweg 31, 1019 AT Amsterdam, The Netherlands Yoko Arisaka, Forschungsinstitut für Philosophie (...) Hannover, Gerberstrasse 26, 30169 Hannover, Germany Andrew Feenberg, School of Communication, Simon Fraser University at Harbour Centre, 515 West Hastings Street, Vancouver, BC V6B 5K3, Canada Journal Philosophy & Technology Online ISSN 2210-5441 Print ISSN 2210-5433 Journal Volume Volume 24 Journal Issue Volume 24, Number 2. (shrink)