Partant du paradigme de contre-conduite appliqué par M. Foucault au pastorat chrétien et à ce qu'il en déduit dans le champ de la politique moderne, l'auteure décline les potentialités de cette approche s'agissant du printemps arabe et de la place de la religion dans ces luttes : le souci de soi, la parrêsia, la mystique d'Ibn Arabi, l'amitié et la démythologisation de l'exégèse.

Faire fonctionner le thème des contre-conduites repéré par Michel Foucault dans la pratique pastorale de l'Église comme un paradigme de résistance contemporain suppose plusieurs opérations. D'une part, prendre la mesure de l'écart entre les temporalités historiques mobilisées, mais aussi celui des espaces culturels : celui du pastorat chrétien et celui du « Califat après la mort du prophète ». En explorant cet épisode de la chrétienté, il nous est apparu possible de récupérer ces outils rendus disponibles par Foucault pour explorer (...) un champ jusque-là, sinon « vierge », du moins « fermé » et difficilement « accessible » en termes de pratiques politiques, celui de la religion musulmane. Comment peut-on réutiliser cette stratégie pour aborder le statut du sujet dans l'islam? Quel type de processus structure et forme le sujet au sein de l'islam? Comment nous servir de ces concepts foucaldiens de la gouvernementalité, de la subjectivation et de contre-conduite, pour faire ressortir une capacité politique des sujets? Quelle approche peut nous permettre de visionner et de questionner le sujet dans la logique d'une communauté, d'un « nous » collectif dans lequel s'enfouit le sujet en tant que tel? (shrink)