Dans cette contribution, la Comédie Ancienne est associée de manière surprenante au complexe chamanistique, ou respectivement, au schéma du goës ou magos qui existait dans la Grèce archaïque et dans les premiers temps de la Grèce classique. Après un bref aperçu de l’histoire de la recherche concernant le ‘chamanisme’ grec dans les études classiques, l’auteur écarte explicitement les spéculations essentialistes sur l’origine, mais utilise le phénomène religieux au sens d’un procédé de fantaisie mental et théâtral. Le potentiel performatif (...) du goës est à même de traduire la chute soudaine, constitutive du genre, dans des espaces et des modes de jeu grotesques et ataviques, sur la scène comique. En particulier, les thèmes de la guérison et des voyages dans l’Hadès ou au ciel, thèmes qui jusqu’à présent n’ont pas vraiment été traités comme il l’aurait fallu, comme le héros comique ambigu et excessif, et la poétique alogique et non naturaliste de la Comédie Ancienne, peuvent s’expliquer comme repoussoirs d’un goës chamanique. Dans les pièces populaires de la place de marché, un tel théâtre de bouffons et de médecins charlatans perdure à travers l’histoire. À la fin, l’approche théorique est mise en pratique en prenant comme exemple la Paix d’Aristophane. L’intrigue relativement simple, où le héros chevauche jusqu’au ciel pour trouver une sorte de thérapie pour la cité, est enrichie d’une nouvelle signification totalement englobante, au-delà du politique strict. (shrink)

L’auteure présente ici un exemple des liens associant l’interprétation et la traduction, celui de la comédie ancienne d’Aristophane. Dans une première partie, elle expose les problèmes généraux de la traduction, quelques-unes de ses théories et certains des obstacles qu’elle rencontre de manière permanente, avant de se concentrer progressivement sur les problèmes théoriques et pratiques particuliers que l’on rencontre en traduisant une comédie grecque ancienne, et la difficulté à proposer une méthode permanente. Dans une seconde partie, l’auteure (...) expose des cas concrets de ces problèmes, en abordant la question de la traduction des noms propres « parlants » : elle présente plusieurs exemples de solutions proposées pour traduire ces noms, avec leurs intérêts et leurs limites dans chaque cas, et avec leurs présupposés théoriques. L’auteure conclut sur la nécessité de traduire ces noms de comédie au cas par cas, en se fondant sur la priorité donnée par M. de Launay à la traduction des « articulations de sens ». (shrink)

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The article deals with Plato’s analysis of the phenomenon of comedy in the Philebus (48a-50e). The laughter aroused by comic spectacles is an example of a purely psychic pleasure mixed with pain. The analysis is articulated in three stages: a) 48b-c: starting from envy (φθόνος) as a form of pain of the soul, it is shown that one can experience pleasure in the face of the ills of those whom we envy; b) 48c-49c: the ridicule (γελοῖον) of the comic characters (...) stems from the fact that they don’t know themselves (against the Delphic precept); c) 49c-50a: even when it is the turn of our friends to be ridiculous, a pain close to envy is mixed to the pleasure of laughter. The article ends by showing the two registers of Plato’s argumentation: to the “hedonist” argument that condemns comedy as a source of pain is interweaved the condemnation of “anti-Delphic” self-ignorance. (shrink)

In this book, classicist Joshua Billings considers classical Greek drama as intellectual history. Developing an innovative approach to dramatic form as a mode of philosophical thought, Billings recasts early Greek intellectual history as a conversation across types of discourses and demonstrates the significance of dramatic reflections on widely-shared conceptual questions. He integrates evidence from tragedy, comedy, and satyr play into the development of early Greek philosophy in order to place poetry at the center of Greek thought. He thus offers a (...) substantially new history and map of classical intellectual culture: drama, on his view, appears as our best source for understanding the thought of the fifth century, while at the same time revealing significant tensions and anxieties in the development of philosophy. At the heart of the book is a novel approach to the philosophical qualities of drama. Though dramatists and their works have been considered philosophical in a variety of ways going back to antiquity, scholarly approaches have consistently taken "literature" and "philosophy" as defined categories, tracing more or less direct connections between one and the other. On the contrary, Billings argues that neither "literature" nor "philosophy" were available as stable categories in the fifth century. Rather he describes the way that drama treats issues that would come to be called philosophical, without relying on assumptions concerning what constitutes philosophical method or literary form. Drama develops a kind of method that allows it to pose and pursue conceptual questions in dramatic form which Billings describes as the "philosophical poetics" of drama. (shrink)

The films of Bruno Dumont are tied to unwatchability, austerity, and a post-theological seriousness. Recently, however, Dumont has taken a surprising turn towards comedy; and yet these comedies are not without the post-theological despair that characterizes his earlier films. Taking Dumont's comedy seriously, this article frames Dumont's comedic turn not as a deviation but rather as a realignment that requires retroactive reconsideration of his oeuvre's post-theological orientation. We interrogate the philosophical implications of laughter in Dumont's work and argue that it (...) suggests a new trajectory for the post-theological project. The work of Georges Bataille anchors our analysis of violent laughter, while Jean-Luc Nancy's post-theology structures our central argument. We read Nancy's post-theology into the construction of space and subjectivity in Dumont's earlier works, which characterize both human characters and the landscapes they inhabit with a pervasive sense of depthlessness or blankness. These features of absence often lead spectators to project emotions onto Dumont's characters, but we stress this blankness as foregrounding the essential unknowingness of the subject – something which also drives Bataille's notion of laughter. For Bataille, laughter is rooted in nonknowledge, it is a non-productive expenditure that exposes the limits of human existence. It is this horizon of death and nothingness that drives Dumont's comedies. Understood through post-theological laughter, Dumont's comedic films and TV series provide new ways of accounting for the death of God. This laughter in turn operates retroactively to productively reframe post-theological violence in his work. In short, this article contends that none of Dumont's films are meant to be taken seriously. Confronting the ethical and philosophical implications of Dumont's comedic turn, this article investigates the implications of reading his oeuvre through this divinely absurdist, post-theological comedic lens and articulates a theory of post-theology that foregrounds the radicality of laughter. (shrink)

Les comédies à l’italienne des années 1958-1980 rejouent à leur façon les grands thèmes de la morale nietzschéenne, telle est l’hypothèse de cet article. À travers des oeuvres essentielles comme Le Fanfaron de Dino Risi, et La plus belle soirée de ma vie d’Ettore Scola, le fatalisme joyeux de ce courant cinématographique teste la méthode de l’inversion des valeurs, et engage une critique radicale du sacré et des morales de la dette. On ne lui reconnaîtra pas une portée nihiliste, mais (...) au contraire la reconnaissance des vertus de la finitude, affirmant l’amour modeste de l’existence terrestre, assumant son caractère tragique et sa puissance d’exister. Les personnages de la comédie italienne apparaissent ainsi comme des prototypes d’esprits libres, à la fois « minables » et surhumains, capables enfin de transmuter les valeurs. (shrink)

Extrait de P. Michon, Rythmes, pouvoir, mondialisation, Paris, PUF, 2005, p. 88-94. Le cas chinois décrit par Granet apporte un éclairage supplémentaire sur le rôle que le rythme joue du point de vue politique, car il permet de se faire une idée du passage d'une société polysegmentaire, en grande partie organisée de manière immanente au gré des variations saisonnières, à une société plus stable et dominée par une entité politique qui s'est autonomisée. Il est vrai que la reconstitution granétienne des (...) (...) - Etudes chinoises – Nouvel article. (shrink)

Ce livre est le premier des deux ouvragespubliés en hommage à l’historien-helléniste Pierre Brulé. Il réunit les actes d’une rencontre organisée en 2008 à Cork, en Irlande, à l’occasion des vingt ans de la Fille d’Athènes. Qu’il s’agisse du parcours de la fille qui devient femme et mère, du statut de l’héroïne ou des différentes figures prises par une divinité, toutes les formes d’expression du religieux, privées ou publiques, sont prises en considération. La qualité du livre réside dans la r...

Dying is easy; comedy is hard. Comedy is sovereign. I begin with an excerpt from Bertolt Brecht’s Fugitive Conversations. Ziffel, a physicist, is chatting with the worker Kalle: For humor, I always think of the philosopher Hegel.... He had the makings of one of the greatest humorists among the philosophers.... I read his book The Great Logic once, when I had rheumatism and couldn’t move. It’s one of the greatest humorous works of world literature. It treats of the way of (...) life of concepts, those slippery, unstable, irresponsible existences; how they abuse one another and fight with knives and then sit down together to supper as though nothing had happened.... They can live... (shrink)

The article investigates a possible omission within Alenka Zupančič conceptualization of comedy as presented in her 2008 book The Odd One In: – on Comedy. The lack which this work will reveal lies in Slovenian philosopher’s neglect of the conditions of possibility of experiencing comedy, which – we claim – hinges upon happiness, a state forged and conditioned by a particular relation with the “other” (the primal object in psychoanalytical meaning). In order to execute such investigation, the methodological tool, rooted (...) in both the theories of comedy and psychoanalysis, will be introduced: the navel of thought. This notion will make use of the reasoning of Sigmund Freud and posit the existence of a symptomatic point within any theory of comedy, that is a point at which a certain incongruence of the theory plays out. It is only when we are equipped with the theoretical tool of the navel of the thought will we proceed to find such a point within Alenka Zupančič book. (shrink)

In Comedy Incarnate, Noël Carroll surveys the characteristics of Buster Keaton’s unique visual style, to reveal the distinctive experience of watching Keaton’s films. Bold and provocative thesis written by one of America’s foremost film theorists Takes a unique look at the philosophies behind Keaton’s style Weighs visual elements over narrative form in the analysis of the Keaton’s work Provides a fresh vantage point for analysis of film and comedy itself.

This article reconstructs Gillian Rose's idea of ‘divine comedy’, from its first articulation in Hegel Contra Sociology (2009) to the development of the idea in later works; most importantly, Love’s Work (1995). This analysis demonstrates that Rose implicitly shifted away from her earlier, pessimistic, Hegelian account of the end of art and her insistence on the ‘severe style’. Divine comedy, it is argued, may satisfy the requirements that Rose articulates for speculative thought, by traversing the constitutive dichotomies of modern life (...) – for example, between universal and particular, or between law and love – in light of individual experience. By reading Love’s Work as an exemplary modern divine comedy, this article argues for the ongoing viability of the ‘ideal style’, which Rose had previously dismissed. This, in turn, suggests a novel reading of Rose's oeuvre and affirms the possibility of a speculative poetics. (shrink)

Dans beaucoup de textes magiques , on retrouve des triangles, des carrés et des cercles créés par des mots magiques arrangés selon ces for­mes. Une série de gemmes et de papyri avait recours à des héros de la mythologie grecque pour la guérison de certaines maladies. On s’adressait à Tantale, Lycurgue ou Persée pour contrôler des organes du corps humain, et les formules qui les nommaient étaient écrites en forme de triangles. On a l’habitude d’expliquer ces formations triangulaires de mots (...) comme une soustraction progressive de lettres qui faisait décroître la maladie et les autres maux. Cette explication est valable dans certains cas, mais non dans d’autres. Souvent des triangles du même type ajoutent chaque partie du mot au mot lui-même, comme dans le cas de noms de divinités, dont la force était multipliée par cette opération graphique. La Tetraktys pythagoricienne est le cas le plus ancien de ce type d’additions. Les formations carrées de mots multipliaient un mot par lui-même et représentaient d’autres formes d’exaltation d’un nom divin ou d’une formule magique. Ces spéculations se fondaient sur la pensée mathématique et géométrique des pythagoriciens. Les mots magiques palindromiques étaient souvent écrits sous forme circulaire, laquelle pouvait entourer et contrôler le nom d’une personne ou des symboles du mal.Geometric formations of words in the ancient magic arts. In many magical texts triangles, squares and circles often occur, which are created by magical words arranged in these forms. A series of gems and papyri look to the heroes of Greek mythology for the treatment of specific diseases. In fact, it is known that spells invoking Tantalos, Lycourgos or Perseus were created in order to control the organs of the human body and that triangular word formations were used to write these spells. The usual explanation of triangular word formations maintains that the progressive elimination of letters compels sickness and other evil to diminish. This is true, but this explanation cannot be applied to every triangle or wing formation. Similar triangles often add each part of the word to the others, as in the case of divine names, whose force is magnified by such a graphic operation. The pythagoric Tetraktys is the most ancient example of such sums. The square formations multiplied one word by itself and represented other ways of extolling a divine name or the might of a magical spell. These speculations were based on the mathematics and geometry of the Pythagoric tradition. Palindromic magical words were often written in circular formations, which could cluster round and control the name of a person or symbols of something evil. (shrink)

Extrait de P. Michon, Rythmes, pouvoir, mondialisation, Paris, PUF, 2005, p. 66-73. Selon Granet, cette caractéristique non dualiste de la pensée chinoise, son orientation vers l'immanence et le primat qu'elle donne, du coup, au rythme tiendraient à l'origine sociale, marquée sexuellement de ces catégories : « Tout en procédant à une distribution cohérente des sites, des occasions, des activités, des emplois, des emblèmes, on restaurait un ordre total en pensant célébrer des noces collectives, (...) - Etudes chinoises – Nouvel article.

L’enquête, qui a porté sur tous les emplois du mot prophètès et des termes apparentés dans la littérature et dans les inscriptions, des origines à la fin du IVe s. av. J.-C., fait apparaître plusieurs types de personnages ainsi nommés, les plus souvent représentés étant les prophètes attachés aux sanctuaires oraculaires. Mais il est aussi des personnages appelés prophètes qui procèdent à l’accomplissement de teletai, des poètes qui se donnent à eux-mêmes ce titre et, désigné ainsi dans un unique emploi, (...) le philosophe Socrate. Il sera question enfin de prophètes de second rang, mais participant à ce qu’on peut appeler la « chaîne prophétique »; c’est le cas notamment des exégètes d’oracles écrits dont Aristophane donne un bel exemple. Il s’avère que le mot prophètès s’applique de préférence à des personnages censés bénéficier d’une intervention intérieure de la divinité. Peut-être l’usage de ce vocabulaire, qui n’apparaît pas avant le Ve siècle, a-t-il répondu à un besoin de marquer cette distinction, par rapport à mantis qui s’applique quant à lui à toute espèce de mantique et dont l’emploi, depuis Homère, est beaucoup plus commun.An investigation was carried out into all the occurrences of the word prophetes and similar terms in the literature and in inscriptions, from their first use to the end of the fourth century. Several types of people are referred to as prophets, the most frequently represented being the prophets linked to the oracular sanctuaries. However, there are also prophets who have achieved teletai, poets who called themselves prophets and the philosopher Socrates, who was identified as a prophet in a unique occurrence. Finally, there are the lower level prophets, who nevertheless still take part in what we could call the “prophetic chain”; this is particularly true in the case of the exegetes of written oracles, of which Aristophanes provides a good example. It turns out that the word prophetes is rarely applied, except to those expected to enjoy an inner intervention from the divinity. The use of this word, which does not appear until the fifth century, might correspond to the need to make a distinction in comparison with the word mantis, which is applied to all kinds of divination and which has been widely used since the time of Homer. (shrink)

This essay examines Carson’s The Trojan Women: A Comic, a 2021 translation of Euripides illustrated by Rosanna Bruno. Carson’s subtitle, through the intersection of classical and modern senses of “the comic” as a genre, demands that the reader ask of her book: What is the place of comedy in a comic about one of the bleakest plays in the Western canon? The comic elements of The Trojan Women reframe Euripides’ narrative and underscore, in a bitter irony, the disastrous impact on (...) the Greeks of the reconciliation of the gods Athena and Poseidon. (shrink)

In _Comedy Incarnate_, Noël Carroll surveys the characteristics of Buster Keaton’s unique visual style, to reveal the distinctive experience of watching Keaton’s films. Bold and provocative thesis written by one of America’s foremost film theorists Takes a unique look at the philosophies behind Keaton’s style Weighs visual elements over narrative form in the analysis of the Keaton’s work Provides a fresh vantage point for analysis of film and comedy itself.