Abstract
L’étude de la notion de nous est un cas très intéressant pour saisir la différence entre l’épistémologie de Socrate et celle de Platon. En effet, le mot nous, au coeur de l’épistémologie du Phédon et de la République malgré des différences évidentes, n’apparaît que rarement dans les dialogues de jeunesse et dans les témoignages de la première génération de socratiques. Il est donc nécessaire de comprendre pourquoi le nous n’est pas central dans la méthode socratique, et une des raisons de la différence entre les méthodes socratique et platonicienne se trouve dans la distinction entre noein et phronein. Si pour Platon la connaissance est d’ordre intellectuel, elle est pour Socrate d'ordre pratique; si la méthode dialectique conduit à la vision des idées, la méthode de définition socratique conduit à l’aporie; si la vision est au coeur du nous, la phronesis tient du sentir et de l’écoute. Malgré ces différences, qui doivent être soulignées pour saisir la spécificité des deux méthodes, le rôle de l'eros dans la connaissance met au jour une forme de continuité entre les deux épistémologies et, ainsi, entre la phronesis et le nous.