Abstract
Merleau-Ponty. Une conception de l’empathie non centrée sur le sujet?Cet article étudie l’émergence du terme « empathie » dans les textes de Merleau-Ponty. Il souligne que le concept n’est pas avant tout présenté comme une catégorie épistémologique, remettant en question si et comment nous pouvons éventuellement connaître les autres. Au contraire, il est conçu comme une catégorie ontologique, pour dire notre appartenance à une nature commune. De ce point de vue, il propose une façon sensible pour comprendre les autres, basée sur une proximité et un partage physiques.Mais, avec des références à l’actuel débat, le texte suggère que, dans les réflexions du phénoménologue français, il est possible de trouver un paradigme qui n’est pas centré sur une conception subjective de l’empathie – c’est a dire qu’il s’agit d’un paradigme qui ne suppose pas toujours une projection subjective de ma sensibilité sur celle des autres. Plutôt, il peut à la fois consister en un sentiment commun, prépersonnel, qui constitue l’arrière-plan de nos sensibilités conscientes, et aussi proceder de l’autre être humain à moi, alors que souvent je sens et comprendre moi-même par differentiation des autres personnes, qui s’imposent sur mes sentiments et sur mes mots.Merleau-Ponty. A Conception of Empathy not centered on the Subject?This paper investigates the emergence of the term “empathy” in Merleau-Ponty’s texts. It points out that the concept is not primarly introduced as an epistemological category, questioning if and how eventually we can know the others. On the contrary it is meant as an ontological category, in order to say our belonging to a common nature. From this point of view he proposes a sensible way to understanding the others, based on a bodily closeness and sharing.But, with references to the current debate, the text suggests that in the reflections of the French phenomenologist it is possible to find a not subjectively centered paradigm for understandig empathy – that is a paradigm which does not always presuppose a subjective projection of my sensibility on that of the other ones. It can rather both consist in a common, prepersonal feeling, costituting the background of our conscious sensitivities, and proceed from the other human being to me, so that I often feel and understand myself by differing from the other individuals, who impose themselves on my senses and on my words.