Abstract
Deux des derniers textes philosophiques d'Antoine Arnauld (Dissertatio bipartita…, 1692; Règles du bon sens…, 1693) sont dirigés contre les défenseurs de la « vision en Dieu » des idées ou vérités éternelles. En commentant les textes de Thomas d'Aquin consacrés à la notion de vérité, Arnauld critique Platon, saint Augustin et Jansénius, puis semble adopter une position proche de Descartes sur le statut des vérités éternelles. D'autres textes confirment qu'Arnauld est sans doute le seul des grands post-cartésiens à avoir accepté la thèse dite de la « création des vérités éternelles », et à avoir refusé à la fois l'univocité de la connaissance entre l'homme et Dieu et l'univocité de l'être. Cette fidélité à Descartes donne une place particulière à Arnauld dans l'histoire du cartésianisme, et amène à une question: ne peut-on chercher dans son œuvre une authentique « théologie cartésienne »? Two of Antoine Arnauld's last philosophical texts (Dissertatio bipartita…, 1692; Règles du bon sens…, 1693) are directed against the defenders of the « vision in God » of ideas or eternal truths. Commenting upon Thomas Aquinas' texts about thruth, Arnauld criticizes Platon, Augustine and Jansenius, and seems to adopt a position close to Descartes' about the status of eternal truths. Other texts confirm that Arnauld is probably the only one among the great post-cartesians to accept the thesis called « creation of eternal truths », and to refuse both the univocity of knowledge between God and man, and the univocity of being. This loyalty to Descartes places Arnauld in very specific position in the history of cartesianism, and leads to the following query: can we not find in his work an authentic « cartesian theology »?