Abstract
Une vaste littérature est consacrée aux situations au cours desquelles un agent ne s’identifie pas à l’un de ses désirs. Cet article porte sur la possibilité d’un équivalent doxastique à ce cas de figure. Après avoir défini le concept d’« aliénation subjective », je présente, dans un premier temps, la manière dont Hunter (2011) caractérise cette forme spécifique d’aliénation subjective que constitue l’aliénation doxastique. Je me propose ensuite d’évaluer et d’approfondir deux aspects de son analyse : d’une part, la thèse selon laquelle le fait d’entretenir une croyance aliénée implique un sentiment d’absence de contrôle doxastique ; d’autre part, l’idée selon laquelle la croyance aliénée est perçue par le sujet qui l’entretient comme n’étant pas expressive de sa personne. Je souhaite montrer que ces deux perspectives fournissent au mieux une description psychologique partiellement satisfaisante du sentiment d’aliénation mais nullement un cadre conceptuel adéquat au phénomène de l’aliénation doxastique.