Diogène n° 258-259-258 (2-4):71-83 (
2019)
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Abstract
Cet article retrace le profond renouvellement de la conception traditionnelle du groupe ethnique (ou de l’ethnie) mené au cours des années 1970 par l’anthropologie européenne et la sociologie américaine. La disqualification du groupe ethnique comme objet doté d’une consistance et d’une réalité intangible, a rendu possible de l’envisager comme catégorie de perception orientant les processus d’identification et d’altérisation engagés dans les actions et dans les contextes de ces actions. Cette approche constructiviste a remis en cause les postulats holistes sous-jacents aux deux disciplines ici envisagées et a conduit à considérer la culture plutôt comme une implication que comme le fondement des appartenances. Si les contrastes culturels jouent un rôle central dans l’organisation sociale ethnique, ils sont circonstanciels et situés et leur fonction de marques d’appartenance n’implique pas l’existence de totalités cohérentes, comme autant d’univers juxtaposés. Ainsi l’approche de l’ethnicité rejoint-elle les efforts contemporains de courants de l’anthropologie, qui au-delà de la remise en cause de l’ethnie, récuse l’idée qu’aux différences de comportements descriptibles correspondent des différences de mentalité, et qui sans rejeter la notion de culture cherchent à refonder les significations partagées à distance du culturalisme.