Abstract
Comment le Banquet (ne) tient-il (pas) ensemble? La réponse de loin la plus populaire est que le Banquet a une structure téléologique, culminant dans le discours de Socrate/Diotime, qui incorpore ou écarte de diverses manières les affirmations dignes d’attention faites dans les discours précédents à propos d’ erōs. Tout ce qui survit d’une source non-philosophique le fait non pas dans sa forme originale, mais plutôt en vertu de l’alchimie platonicienne qu’il a subie, en tant que celle-ci traduit, retravaille et raffine les opinions ordinaires en une puissante théorie philosophique. Le présent article propose une alternative radicale. Il soutient que nous devrions systématiquement renverser les jugements réducteurs d’Éryximaque concernant Héraclite sur l’harmonisation et appliquer les résultats au Banquet lui-même. Il y a une harmonie discordante incorporée dans un logos complexe et polyphonique. Un tel logos prospère grâce à la dissension, puisque son existence même comme tout unifié dépend de l’opposition maintenue sans affaiblissement entre des éléments qui acceptent de différer. Le Banquet consiste en de multiples voix unifiées, mais sans entraves. L’article conclut que, afin d’éviter une pétition de principe fondamentale, le Banquet promeut une sorte de contextualisme épistémologique qui est anathème dans d’autres contextes platoniciens. Et que ce n’est pas un dialogue.