Abstract
L'auteur a voulu rendre hommage à la mémoire D'Alphonse De Waelhens enmontrant que l'ouvrage sur «La philosophie et les expériences naturelles» est bienplus qu'un essai de synthèse de la pensée phénoménologique de son temps. L'étude des travaux de Husserl, Heidegger et M. Merleau-Ponty, et la comparaisond'une telle phénoménologie avec la phénoménologie hégélienne avaient convaincuDe Waelhens de l'impossibilité radicale d'une récupération totale par la réflexion del'expérience effectivement vécue et les significations qu'elle instaure. Dès lors, le rapportque la philosophie doit entretenir avec l'expérience, lui sembla devoir être conçucomme un rapport dialectique : la philosophie est la négation de la non-philosophie,celle-ci à son tour est négation de la philosophie, et ainsi de suite. Ce rapport dialectique qui lui semble être confirmé par l'histoire de la philosophiede Hegel à nos jours, est abordé de manière plus fondamentale dans La philosophie etles experiences naturelles. S'il trouve son fondement ontologique dans la structuremême de notre être-au-monde qui est une unité de facticité et de transcendance, il sevérifie clairement par rapport à deux moments essentiels de l'existence humaine :celui de la constitution d'une subjectivité intersubjective et celui de la compréhensionde l'être. Le type historique suivant lequel ladite constitution réussit ou échoue, nerelève pas d'une réflexion phénoménologique, mais d'un savoir non-philosophique,la psychanalyse. De même, la compréhension de l'être qui est antérieure à toute compréhensionthématisée, est toujours déjà déterminée par un «comportement» historique. Dans aucun de ces cas la philosophie ne peut envisager une récupération totalede ces données ; si la philosophie entend influer ultérieurement sur la rationalité denos rapports avec nos semblables et de notre compréhension de l'être, elle sera toujoursà nouveau contestée par l'expérience elle-même