Abstract
Christopher Hamel | : Dans cet article, je tente de montrer que la vertu civique repose sur le souci du bien commun, sans être exclusive des intérêts personnels. À cette fin, j’examine les travaux que Shelley Burtt a consacrés à l’élaboration d’une conception privée de la vertu civique. Burtt juge cette conception privée compatible avec les prémisses réalistes de la citoyenneté contemporaine, car contrairement à la conception publique de la vertu civique héritée des Anciens, la conception privée fonde la vertu civique dans la poursuite des intérêts personnels. Je montre que les reproches que Burtt adresse à la conception publique sont équivoques et que leur clarification ne permet pas de défendre la conception privée de la vertu. Je soutiens ensuite qu’en voulant faire l’économie du souci du bien commun, la conception privée échoue à assurer ce pour quoi elle est conçue : la stabilité des institutions libres. Je montre enfin que dans son explicitation de la conception d’esprit privé, Burtt présuppose en fait l’esprit public qu’elle cherche à écarter. Je conclus que la vertu civique est nécessairement enracinée dans l’esprit public, et propose des éléments définitionnels de la vertu civique dans ses rapports au bien commun et à la satisfaction des intérêts personnels. | : I argue that while civic virtue relies on the concern for the common good, it is not exclusive from self-interests. To do so, I scrutinize Shelley Burtt’s works that elaborate a private conception of civic virtue. She takes it to be compatible with the premises of contemporary citizenship, because unlike the public conception of civic virtue, the private conception grounds civic virtue in the pursuit of self-interest. I show that Burtt’s criticisms to the public conception are equivocal and that their clarification does not stand up for the private conception of civic virtue. I then claim that by trying to do without the concern of the common good, the private conception fails to provide what it is conceived for: the stability of free institutions. Finally, I show that in her own exposition of the case for the private conception, Burtt presupposes indeed the public spirit that she wanted to dismiss. I conclude that civic virtue is necessarily grounded in public spirit and I propose some definitional elements of civic virtue in its connexion with the common good and the satisfaction of self-interests