Cet article analyse la mise en place et l’évolution des règles de la succession ab intestat dans les statuts florentins entre 1325 et 1415. L’ample extension généalogique de l’exclusion des filles dotées de la succession du père et des agnats mâles et le classement des héritiers de la mère, qui laisse les filles hériter seulement en l’absence de leurs frères, neveux ex fratre et autres descendants mâles, déterminent un mode de transmission des biens fortement patrilinéaire qui constitue la clef de (...) voûte du système lignager florentin. Au lendemain de la peste noire et jusqu’en 1415, le durcissement des normes qui disciplinent la transmission des héritages aux femmes et leurs droits de propriété sur ces biens non dotaux révèle une remarquable capacité de réaction des législateurs face aux conséquences successorales de la crise démographique. (shrink)

On savait depuis les travaux d’historiens du droit ou d’historiens de la société qu’à l’aube de la Renaissance la cité-État florentine se situait à la pointe extrême du spectre italien en matière de législation sur les biens des femmes, et que cette position ne jouait pas à leur avantage. Sur ce thème austère, Isabelle Chabot a construit un livre important qui combine deux démarches : elle analyse, d’une part, les principes de cette législation au niveau local et en (...) démonte les mécanismes ; e... (shrink)

La revue Genesis, notre sœur latine, a publié en 2006 un numéro consacré aux « Objets ». Sandra Cavallo et Isabelle Chabot qui ont coordonné le numéro, présentent dans une copieuse introduction la généalogie de ce numéro à partir de l’intérêt porté à la culture matérielle des classes subalternes – en particulier du monde paysan –, puis de l’attention portée à la consommation chez les élites florentines du Rinascimento (xive-xve siècle). Dans un premier temps les études ont concerné (...) la famille... (shrink)

Cet hommage à Christiane Klapisch-Zuber est mené à plusieurs voix. Mais les éditeurs ont le mérite d’avoir conféré une ligne originale à ce recueil d’essais en convainquant C. K.-Z. d’y publier un texte présenté au congrès annuel de la Renaissance Society of America qui s’était tenu à Florence en mars 2000, texte déjà publié en italien dans la revue Genesis. Rivista della Società italiana delle Storiche en 2002. Le présent volume s’ouvre donc, d’une façon plutôt inhabituelle, par les mots mê...

Cet ouvrage collectif est issu d’un colloque international qui s’est tenu à l’École française de Rome en 2016, pour marquer le vingt-cinquième anniversaire de la publication des cinq volumes de L’Histoire des femmes en Occident (en italien : Storia delle donne in Occidente) dirigés par Michelle Perrot et Georges Duby, et de Storia delle donne in Italia, paru cinq ans plus tard. Les directrices de ce volume mettent la publication de ces deux sommes en perspective et proposent une première tent...

Depuis les années 1970, les sujets de la naissance et de la maternité ont été longuement et fréquemment abordés par l’historiographie italienne (Giulia Calvi, Marina D’Amelia, Isabelle Chabot, Claudia Pancino, Luisa Accati, Gianna Pomata, Vanessa Maher, Emmanuel Betta, Giulia Sissa, Maurizio Bettini, Giorgia Alessi, etc.) et française (Yvonne Knibiehler, Paul Cesbron, Jacques Gélis, Mireille Laget, etc.). Tous ces travaux en ont révélé les multiples aspects qui renvoient à la condition social...

The question of universalism and relativism is often taken to be a matter of critical reflexivity. This article attempts to present the question instead as a matter of practical, political, and always-situated concern. The attempt starts from the consideration of modern experimental sciences. These sciences usually serve as the stronghold for universalist claims and as such are a target of relativism. It is argued that the specificity of these sciences is not a method but a concern. To be able to (...) claim that they have not unilaterally imposed their definitions on the phenomena they study is the leading concern of experimenters and should be understood in terms of the following achievement: the creation of a very particular “rapport” that authorizes claiming that what is operationally defined “lends itself” to this correlation. Linking knowledge production with a creation of rapports entails a pluralization of sciences along with the pluralization of modes of concern associated with the rapport. However, resisting unilaterally imposed definitions is not enough, since with the coming “knowledge economy” the questions that this article raises will soon be part of a romantic past. Thus it concludes with a speculative touch, which may be a requiem, relating the creation of rapports with an ecology of practices akin to William James's always-under-construction pluriverse. (shrink)

Social and environmental ratings provided by social rating agencies are multidimensional. The first goal of our paper is to identify a small number of independent and relevant socially responsible (SR) dimensions reflecting a firms’ coherent posture toward social issues. We put forward that these dimensions are not exactly the same as the ESG ones (Environment, Social, and Governance). Using the six sub-ratings provided by the Vigeo rating agency, we perform a principal component analysis and we highlight three main independent SR (...) dimensions related to (1) business stakeholders (employees, customers, and suppliers), (2) societal stakeholders (environment and society), and (3) financial stakeholders (stockholders and debt holders). The second objective of our paper is to explore the link between stock returns and these three SR dimensions. Our most notable finding is that for each SR dimension, investors ask for an additional risk premium when they accept to hold non-socially responsible stocks. The cost of equity is thus lower for SR firms. The average premium over the period 2003–2010 is larger for the components “business stakeholders” and “financial stakeholders” than for the component “societal stakeholders.” The premium for this last component has only existed since the end of 2008. Since that time, environment and community involvement have become important risk factors strongly considered by investors. For the three dimensions, investors notably penalize large non-social firms and reward small social firms. (shrink)

The main problems faced by a conception of perception as passive will be introduced through a critical examination of John McDowell's account of 'empirical thinking'. Overcoming these difficulties will lead to a conception of perception as involving an active cognitive participation of the perceiver, and an account of how observational judgment is warranted that is focused on the conditions of experience. In both cases, analogies to inquiry in scientific experimental practice will be explored.

Data-driven technologies have come to pervade almost every aspect of business life, extending to employee monitoring and algorithmic management. How can employee privacy be protected in the age of datafication? This article surveys the potential and shortcomings of a number of legal and technical solutions to show the advantages of human rights-based approaches in addressing corporate responsibility to respect privacy and strengthen human agency. Based on this notion, we develop a process-oriented model of Privacy Due Diligence to complement existing frameworks (...) for safeguarding employee privacy in an era of Big Data surveillance. (shrink)

The Swedish naturalist Carl Linnaeus is famous for having turned botany into a systematic discipline, through his classification systems—most notably the sexual system—and his nomenclature. Throughout his life, Linnaeus experimented with various paper technologies designed to display information synoptically. The list took pride of place among these and is also the common element of more complex representations he produced, such as genera descriptions and his “natural system.” Taking clues from the anthropology of writing, this essay seeks to demonstrate that lists (...) can be considered as genuine research technologies. They possess a potential to generate research problems of their own but also pose limitations to inquiries that can be overcome only by the use of new media. (shrink)

De Bernard Arcand à Guillaume Vigneault en passant par Sylvie Boucher, Richard Desjardins, Jacques Languirand ou Andrée Ruffo, 46 personnalités québécoises provenant des horizons les plus divers expliquent en une page, avec ...

Dans la préface qu’elle donne au livre de son ancienne doctorante (2008), Françoise Thébaud souligne qu’il s’agit là d’une « histoire sociale et genrée des politiques nationales d’immigration et de naturalisation, et des pratiques administratives qui les mettent en œuvre », à partir du cas de Marseille, au cours des dernières années de la Troisième République (1918-1940). Linda Guerry s’attelle à cette tâche en se confrontant à des milliers de documents puisés dans les fonds archivistiques pa...

L'article exhume une supercherie littéraire empruntant au goût chinois publiée à Paris en 1788 et tente d'en décortiquer les implications intellectuelles. Le faux porte sur le détournement du titre de l'ouvrage—référence au pamphlet de Morelly, alors communément attribué à Diderot—, de l'auteur—Confucius, philosophe contemporain de Socrate qui n'a laissé aucun ouvrage de sa main—, du travail de traduction—qui par définition n'a jamais pu exister—et de commentaire—attribué à un jésuite de la mission française en Chine. Le véritable aute ur du faux, (...) Louis Lavicomterie, Montagnard et régicide, l'a revendiqué pendant la Révolution. La reconstitution des circonstances et des arrière-plans historiques du texte tente de circonscrire la charge émotive et pamphlétaire de ce message chinois falsifié pour véhiculer un plaidoyer en faveur de l'abolition de la peine de mort et une satire de la justice et du clergé. Derrière Confucius, Lavicomterie a inscrit Voltaire en filigrane. On peut y lire autant de miroirs des attentes à la veille de la Révolution: la recherche d'une morale laïque permettant de dépasser les discordes religieuses et le rejet du droit divin, fondement de l'Ancien Régime. (shrink)

Est-il possible, par-delà l'opposition courante et parfois abusive entre philosophies continentale et anglo-saxonne, de comparer le moment où, avec Russell, naît le paradigme du langage et le moment où, avec Fichte, semble culminer le paradigme de la subjectivité ? L'analyse du concept de relation de soi à soi (référence d'une proposition à elle-même ou d'un sujet à lui-même) permet de repenser la nature de l'opposition entre les deux traditions. En effet, si, dans un cas, l'autoréférence est frappée d'interdit, alors que, (...) dans l'autre, elle est donnée comme l'une des conditions que doivent honorer les propositions philosophiques, ce n'est nullement parce que, dans le premier, on s'interrogerait sur le langage et ses mécanismes, tandis que, dans le second, on s'attarderait sur la conscience et sa « nature ». En effet, le désaccord ici porte sur la notion même de vérité. Le mode de référence ad extra est-il seul susceptible d'être pensé en termes de vrai et de faux, ou bien faut-il considérer, qu'en philosophie, la référence à renonciation est à prendre en compte dans la détermination de ce qui est vrai et de ce qui ne l'est pas ? Telle est la question à laquelle conduit la comparaison, en apparence paradoxale, entre ces deux auteurs. Is it possible, beyond the usual and sometimes excessive opposition between Anglo-Saxon and Continental philosophy, to compare the philosophical moment when Russell initiated the linguistic paradigm and this other philosophical moment when Fichte seems to have brought the paradigm of subjectivity to its peak ? One should try to reconsider the nature of the opposition between these two philosophical traditions by analyzing the concept of self-reference (be it propositional or subjective). Indeed, that self-reference should be banished in the first case and that it should be perceived as one of the conditions for philosophical propositions in the other has nothing to do with the fact that one is actually dealing either with language or with the « nature » of consciousness. The heart of the dispute is to be found in the very notion of truth. Is ad extra referentiality the only one likely to be thought of in terms of true of false, or should one consider that philosophy may refer to enunciation as an element that contributes to determine what is true or false ? Such is the question raised by the apparently paradoxical comparison between Russell and Fichte. (shrink)

In a thought-provoking paper, Schuklenk and Smalling argue that no right to conscientious objection should be granted to medical professionals. First, they hold that it is impossible to assess either the truth of conscience-based claims or the sincerity of the objectors. Second, even a fettered right to conscientious refusal inevitably has adverse effects on the rights of patients. We argue that the main problem with their position is that it is not derived from a broader reflection on the meaning and (...) implications of freedom of conscience and reasonable accommodation. We point out that they collapse two related but distinct questions, that is, the subjective conception of freedom of conscience and the sincerity test. We note that they do not successfully show that the standard norm according to which exemption claims should not impose undue hardship on others is unworkable. We suggest that the main reason why arguments such as no one is forced to be a medical professional are flawed is that public norms should not constrain citizens to choose between two of their basic rights unless it is necessary. In fine, Schuklenk and Smalling, who see conscience claims as arbitrary dislikes, sell freedom of conscience short and forego any attempts at balancing the competing rights involved. We maintain the authors neglect that most of legal reasoning is contextual and that the blanket restriction of healthcare professionals' freedom of conscience is disproportionate. (shrink)

Zipf famously stated that, if natural language lexicons are structured for efficient communication, the words that are used the most frequently should require the least effort. This observation explains the famous finding that the most frequent words in a language tend to be short. A related prediction is that, even within words of the same length, the most frequent word forms should be the ones that are easiest to produce and understand. Using orthographics as a proxy for phonetics, we test (...) this hypothesis using corpora of 96 languages from Wikipedia. We find that, across a variety of languages and language families and controlling for length, the most frequent forms in a language tend to be more orthographically well‐formed and have more orthographic neighbors than less frequent forms. We interpret this result as evidence that lexicons are structured by language usage pressures to facilitate efficient communication. (shrink)

This contribution presents an adult education workshop implemented in the field of early childhood education. One of the specificities of education and care practices lies in the competences of the professionals to give a central role to the detailed observation of situations, in order to adjust their modalities of action. How can such observational work be developed and transformed? A participatory research-training approach aims to support the co-construction of an analytical view on observable phenomena in the course of interactions. In (...) a perspective of interactional analysis, it focuses on the modalities that favor the construction of such an analytical posture. (shrink)

Pionnier de ce que nous appelons aujourd’hui, parfois trop vite, la « recherche-création », défenseur d’une approche scénique et unitaire de l’esthétique théâtrale, André Veinstein a œuvré à la définition de ce qu’il appelait une « conception esthétique de la mise en scène ». Il entendait par là souligner l’importance de la liberté interprétative propre au théâtre, tout en mettant en garde contre les tentatives de déformation et de dissociation, selon ses mots, de l’œuvre dramatique.

Un spectre hante l'Université française : celui de la déconstruction. Créé par Jacques Derrida à la fin des années 1960, ce concept est devenu, dans l'esprit des réactionnaires de tout poil, le mot-valise désignant tout ce qu'ils haïssent dans la pensée, lorsque celle-ci cherche à émanciper davantage qu'à ordonner. Dégénérescence de la culture, mépris pour les grandes œuvres, délire interprétatif, amphigouri linguistique, danger politique, confusion sexuelle, licence morale : à en croire les ennemis de la déconstruction, tout ce qui va' (...) mal dans le monde lui est imputable. Que signifie la fixation frénétique d'une frange d'intellectuels sur tout ce qui peut ressembler à une pensée différente, inventive et fondamentalement démocratique? Que cela signifie-t-il, si ce n'est la volonté de policer la pensée et ses institutions, pour mieux, ensuite, policer les corps? Telle est l'interrogation qui a présidé au colloque "Qui a peur de la déconstruction?", qui s'est tenu à l'École normale supérieure et à la Sorbonne en janvier 2023. En voici les actes."--Cover page 4. (shrink)

Zeno of Citium, the founder of Stoicism, received part of his philosophical instruction from the Cynic Crates of Thebes. This connection left a lasting imprint on the Stoic school, which maintained strong ties with Cynicism. The first part of my dissertation contributes to our knowledge of these links by listing and analyzing all the references to Cynicism in Stoic writings, from Zeno to Marcus Aurelius. Each text is accompanied by a French translation and a philological and philosophical commentary. The complexity (...) of the Stoics’ perspective on Cynicism is made evident in Seneca and Epictetus, who admit some Cynics in their pantheon of sages while criticizing certain aspects of their philosophy. The second part of my dissertation analyzes the Stoic debate on the possibility for the sage to “cynicize”: some Stoics refuse it, others accept it under certain circumstances, and others, such as Apollodorus of Seleucia, consider Cynicism to be a quick yet difficult path to virtue. To shed light on this debate, I examine its connection with the doctrine of appropriate acts, the content of the Cynic doxography (D.L., VI 103-105), and the image of the path to virtue. These analyses highlight the posture of compromise adopted by pro-Cynic Stoics. Since features of Cynicism such as rejecting social duties, choosing poverty, and refusing long-term studies are contrary to customary Stoic advice, they must set narrow limits within which Cynicism becomes legitimate. (shrink)

Sont émises des hypothèses sur son origine et des réflexions sur ses outils, mais l'éloge du prince est aussi examiné dans son fonctionnement, à travers des analyses et des synthèses sur ses rapports avec la rhétorique et les genres littéraires, ainsi qu'avec certaines pratiques de propagande politique.

Le scepticisme de Montaigne -- Perturbations dans le genre -- Bouleversement des catégories du masculin et du féminin dans "Par divers moyens on arrive à pareille fin" -- L'identité en question -- L'homme insoluble -- Les Indiennes, les Indiens et nous -- Le sexe indécis -- Renversement -- Critique sceptique de la rhétorique adressée aux femmes -- Féminité et savoir du corps -- Parodie de la discipline conjugale -- Au sujet de la femme insatiable -- Déplacement et/ou réhabilitation inattendue -- (...) Malheur et bonheur du mariage ou la vie selon son mouvement -- Solitude ou mariage -- Grandeur de la relation conjugale -- Examen sceptique de la gynécocratie -- Satire du patriarcat -- Abandon et transmission du pouvoir -- Restauration de la légitimité du gouvernement féminin -- Réduction à l'absurde -- Réquisitoire contre la chasse aux sorcières -- Vanité de la recherche des causes -- Justice sceptique et clémence -- Vénus, les boiteux et les boiteuses -- Apologie paradoxale -- L'amour de préférence à la guerre -- Trivialité et danger de l'amour -- Éloge de l'amour -- Dernières accolades -- Construction d'une communauté autre -- Un lectorat féminin estimé -- Les femmes dédicataires dans les Essais -- Marie de Gournay, une philosophe féministe autonome, mais fidèle. (shrink)

Given that the distinction between public and private law has been declared dead for so long, some of its implications prove astonishingly long-lived. Recent developments such as the assumption of human rights obligations for corporations or the challenged position of intermediary forces in the face of an increasing societal plurality call us to think these implications through and turn to their origin: Historically as well as theoretically, the primary function of human rights in Europe was a social one, directed at (...) the abolition of intermediary forces, and providing the basis for a horizontal structure amongst equal subjects. In consequence, we can think the doctrine of “horizontal effect” anew and ask what this insight means for the challenges and conceptualization of human rights today. (shrink)

La technique et la civilisation qu'elle commande sont, à notre époque, un important sujet de réflexion. Depuis quelques années, les sections techniques de l'enseignement du second degré, et des études supérieures, ont, à leur programme, quelques notions de philosophie. Cette mesure répond à une nécessité culturelle. Plus encore, elle satisfait un besoin et un droit des jeunes techniciens. Nul n'échappe aux grandes interrogations concernant la vérité et la certitude, la valeur et le bien, le droit et la justice, l'homme et (...) sa destinée, que la philosophie pose et éclaire. Cet ouvrage se limite à l'essentiel, c'est-à-dire aux questions concernant la connaissance, l'activité de l'homme, l'homme en société et la religion. Un manuel d'initiation simple et accessible pour les élèves, les étudiants mais aussi tous ceux qui, déjà engagés dans la vie professionnelle, souhaitent compléter leur formation philosophique. (shrink)

Comment penser l'effort aujourd'hui? Le thème peut sembler à la fois banal et faussement suranné. Banal, d'une part, parce que l'effort est, pour paraphraser Descartes, "la chose du monde la mieux partagée". Depuis toujours, nous sommes enjoints à "faire des efforts", dans des domaines très variés de l'existence, pour apprendre à marcher ou faire du vélo, à l'école, dans nos relations avec autrui puis, plus tard, pour mener à bien des études et une vie professionnelle, trouver le bonheur dans notre (...) vie privée et surmonter les "coups durs" qui sont le lot de chacun. Banal aussi, parce que, tel un marronnier des propos de comptoir, le thème est dans l'actualité, lorsqu'il s'agit de déplorer le "manque d'efforts" des "jeunes générations" ou la perte du "goût de l'effort", à l'école notamment. Ainsi, l'effort serait requis partout, et pourtant perdu, omniprésent dans les discours et si difficile à définir, si difficile à saisir aussi dans les actes. De quoi parle-t-on, de l'effort physique, démonstratif, ou de l'effort intellectuel, intériorisé, impalpable, mais dont les neurosciences visent à montrer la teneur somatique? (shrink)