La réflexion philosophique, dont l'ouverture à l'univers dans lequel nous nous découvrons - avec une acuité proportionnelle à un étonnement renouvelé - n'a pas de limites, n'en est que plus tributaire des sciences et des techniques, des arts et de multiples activités qui régissent plus ou moins fructueusement notre expérience. Or, au sein des sciences humaines, privilégiées pour éclairer une condition que nous ne saurions cesser d'interpréter, peu d'oeuvres du dernier siècle auront enrichi en le précisant notre être-au-monde, comme la (...) théorie linguistique de Gustave Guillaume, assez solitaire, et les recherches multiformes de Jean Piaget - où la psychologie de l'enfant a souvent occulté la visée épistémologique et son enracinement biologique (cf Biologie et connaissance, 1967) et ses prolongements pédagogiques, voire éthiques. Le Cinquantenaire et le Trentenaire de leur disparition appelaient un hommage d'autant plus impératif qu'ils sont restés marginaux ou ignorés dans les milieux philosophiques, malgré la centralité de leurs élucidations. Leur commune orientation génétique et structurale n'ayant suscité aucun échange, pendant la contemporanéité de publications d'un tiers de siècle (1923-1960), mesurer leur complémentarité s'impose d'autant plus. S'ils peuvent aider à repenser la condition humaine, c'est qu'ils auront contribué à dissiper le "mystère de la pensée". L'un cherchant à habiliter les caractères systématique et cinétique des langues, irremplaçables moyens de penser ; l'autre dans un vis-à-vis cognitif et opératoire de Freud, en relavant sur les plans épistémologique et logique, notamment, l'élan révolutionnaire de la seconde modernité, autour de l'évolutionnisme. Mais les thèmes majeurs du constructivisme, du schème et de la symbolisation - et plus largement du temps et du langage - auront sans doute aidé à spécifier les mutations autorisées par la révolution critique. Entre l'Instant du je parle et un décentrement exigible pratiquement (éthique) comme théoriquement (épistémique), c'est bien la condition humaine dans son ensemble qui est concernée. Si repenser cette Condition s'impose en permanence, il importe de ne pas manquer des oeuvres qui, par-delà toute mode, proposent à notre expérience des fondations résistant à d'inéluctables vicissitudes. (shrink)

The development of phenomenology in nineteenth‐century German philosophy is that of a particular stream within the larger historical‐philosophical complex of Austro‐German philosophy. As the “grandfather of phenomenology” resp. the “disgusted grandfather of phenomenology,” but also as the key figure on the “Anglo‐Austrian Analytic Axis”, Brentano is at the source of the two main philosophical traditions in twentieth‐century philosophy. This chapter focuses mainly on his place in nineteenth‐century European philosophy and on the central themes and concepts in his philosophy that were (...) determinant in the development of the philosophy of his most gifted student: Edmund Husserl. Despite the variety of stances which Brentano expressed on ontology, metaphysics, and psychology over the course of his career, the five general principles remain central to his whole philosophy throughout: they have an important place in what could be called Brentano's philosophical worldview or system. By extension, they also are essential to his conception of phenomenology. (shrink)

Guillaume Collett questions to what extent we can locate Deleuze within the Lacanian School during the late-1960s, prior to Guattari. In so doing, he offers a new, integrated reading of Deleuze's The Logic of Sense by understanding it as a 'psychoanalysis of sense', and gives a new interpretation of Deleuze's conception of philosophy itself. The Psychoanalysis of Sense shows that Deleuze was not merely aware of the debates animating the Lacanian School during the 1960s: he sought to contribute to (...) them. Emphasising his appropriation of the work of post-Lacanian Serge Leclaire, Collett explains how Deleuze constructed a more singular and immanent theory of the linguistic structure of the unconscious - granting the erogenous body a larger structuring role. (shrink)

Guillaume Lejeune | : La philosophie de Bradley se présente moins comme une tentative d’importation de la pensée allemande en Angleterre que comme une volonté de régler par le recours à divers écoles les problèmes dans lesquels la tradition empiriste se dépêtre : un atomisme de la connaissance et une conception externaliste des relations qui rendraient impossible une vision unitaire de l’expérience. La critique que développe Bradley de l’association d’idées dans la mesure où elle fait ressortir les présuppositions de (...) la tradition empiriste et en rejette le bien-fondé peut se lire comme une tentative de déconstruction de celle-ci. | : Bradley’s philosophy is not a mere attempt to import German thought in Great-Britain, but a willingness to regulate the problems in which the empiricist tradition is entangled — an atomism of knowledge and an externalist conception of relation that make impossible a unitary view of experience — by borrowing ideas from various schools. According to Bradley, associationism clearly brings out the two problematic aspects of the whole empiricism. That is why his rejection has a strategic character. It can be read as an attempt to “deconstruct” the empiricist tradition. (shrink)

The Grand Challenges literature brings under its umbrella a wide variety of disjointed phenomena but runs the risk of reinventing the wheel as well as overlooking incremental progress and past work. To avert this, scholars need to (dis)connect (dis)similar issues, build on past research on these issues, and create opportunities for generalizability through theoretical examinations.

Galileo asked in his Dialogue of the Two New Sciences what relationship exists between the size of the set of all natural numbers and the size of the set of all square natural numbers. Although one is a proper subset of the other, suggesting that there are strictly fewer squares than natural numbers, the existence of a simple one-to-one correspondence between the two sets suggests that they have, in fact, the same size. Cantor famously based the modern notion of cardinality (...) on the second intuition, but recent advances in mathematical logic (most notably, numerosity theory) have renewed an interest in the question whether Cantor’s way out of Galileo’s paradox was the only possible one. I present a new solution to Galileo’s paradox and argue that it is a better alternative to the Cantorian solution than numerosity theory. In fact, I argue that it is the best possible way out of Galileo's Paradox that can be based on the "Euclidean" intuition that the whole is always greater than any of its proper parts. (shrink)

La biologie travaille sur des particuliers. De par son historicité, chaque entité biologique est unique. Nous devons pourtant les regrouper pour parvenir à en parler de manière générale. Nos classifications sont destinées à communiquer nos concepts, et ce faisant elles reflètent une intention. Comme nous sommes en science, nous préférons les procédures de regroupement (agglomératives) aux procédures de division, lesquelles finissent toujours par isoler les particuliers. En systématique, science des classifications, la géométrie de nos concepts est celle d’une hiérarchie par (...) emboîtement, du plus général au plus particulier, plutôt qu’une hiérarchie par empilement (comme dans le cas de la scala naturae), parce que les premières pratiquent l’inclusion tandis que les secondes pratiquent l’inclusion et l’exclusion. Les êtres biologiques sont traversés par une foule de ressemblances différentes, et la ressemblance globale, à vouloir les saisir toutes, n’en saisit rigoureusement aucune. Elle ne se distingue pas de la différence globale. Or, nous voulons travailler sur les partages, pas sur les différences, lesquelles finissent par isoler les entités. Ces partages, ce sont des attributs communs ou des propriétés partagées : c’est la ressemblance vue en mosaïque (qui donnera lieu à un mosaïcisme phylogénétique). Mais quel type de ressemblance est pris en compte? La ressemblance topologique est prioritaire (principe des connections), vient ensuite la ressemblance de forme et celle du processus de genèse (ou de mise en place : ontogénèse). La ressemblance de fonction est trop trompeuse pour être prise en compte. Mais trompeuse au regard de quel but? Nous classons pour parler des origines de ce qui existe. La classification moderne des êtres vivants reflète leur généalogie passée, ou du moins ce que nous pouvons en reconstruire indirectement (la phylogénie). Et pour cela, la ressemblance topologique est la plus efficace. (shrink)

Dans cet article, nous chercherons à nouer un dialogue entre les philosophies de Ravaisson et de Jankélévitch. Tous deux mettent en évidence une manière « oblique » de saisir l’être, en tant que celui-ci ne peut être présenté de manière directe dans et par une intuition. Toutefois, il ne s’agit pas tant de relever l’impuissance de la pensée que de mettre en évidence l’excès de ce qui est à penser. Si la philosophie est en effet mue par une inadéquation initiale (...) vis-à-vis de ses objets, ce manque ne la condamne pas pour autant. Si l’on peut constater une filiation entre ces deux auteurs, la question de la saisie oblique va également mettre au jour une divergence entre eux. Pour le premier, la réflexion sur les médiations est soutenue par l’identité de l’être et de la pensée. Pour le second, en revanche, cette identité est sans cesse mise en question, au point que la discontinuité paraît caractériser l’essence de la réalité. C’est également l’examen de la philosophie de Bergson qui va permettre de mettre en évidence une telle divergence, au sens où le rapport de Jankélévitch à celui-ci se donne à la fois dans un héritage et dans une rupture. (shrink)

Cet article propose de réfléchir sur la nature des images animées, à partir sur trois thèses de Kendall Walton. Le philosophe américain, bien connu dans le monde analytique pour un livre sur les arts représentationnels, Mimesis as Make-Believe (1990), discute très régulièrement de films, mais aucune de ses recherches n’a à proprement parler versé dans la philosophie du cinéma. C’est pourquoi, cet article se demande à quoi ressemblerait une philosophie waltonienne du cinéma. Pour ce faire, je présente et discute trois (...) propositions tirées des travaux de Walton : (1) les œuvres de fiction ne sont pas définies comme des contre-vérités, (2) les dépictions nous donnent à imaginer autant qu’à percevoir ce qu’elles représentent, (3) les photographies nous placent dans une relation épistémique objective avec leurs sujets. De là, j’élabore une interprétation waltonienne de la distinction entre l’image fictive et l’image documentaire. (shrink)

Corporate codes of ethics, which have spread in the last decades, have shown a limited ability to foster ethical behaviors. For instance, they have been criticized for relying too much on formal compliance, rather than taking into account sufficiently agents and their moral development, or promoting self-reflexive behaviors. We aim here at showing that a code of ethics in fact has meaning and enables ethical progress when it is interpreted and appropriated with practical wisdom. We explore a model that represents (...) an uncommon organizational code of ethics: the monastic Rule of St. Benedict, written in the sixth century and still used today. Our empirical study—conducted in several monasteries living under this rule—shows that organization members interpret this rule, both hermeneutically and ethically, to adapt it to situations. They also appropriate this rule as a way of life and treat it as a dynamic framework that helps them to follow their purpose within their organization. This exceptional code actually offers an alternative model for practicing codes of ethics, in a virtue-ethical manner, beyond mere compliance with the text. The way in which reflexive and active agents practice the code, both individually and collectively, shapes their organizational experience and fosters their moral development. (shrink)

En 2021, le livre de Van Rensselaer Potter intitulé Bioethics: Bridge to the Future a célébré son cinquantième anniversaire de parution. Or, la conception de la bioéthique proposée par l’auteur diffère de celle d’André Hellegers, qui a fait école. Pourtant, conçu comme guide, Potter y présente des éléments importants pour penser la place de la bioéthique dans le contexte sociétal et le développement actuelle des connaissances. Dans le texte qui suit, nous abordons certains éléments du contexte dans lequel ce livre (...) a pris forme. Nous nous arrêterons brièvement pour décrire la perspective dominante de la bioéthique. Puis, nous ferons ressortir certains éléments importants de la conception qu’a l’auteur de ce que devrait être la bioéthique. Nous terminerons en examinant les répercussions de cette pensée dans deux dossiers : celui de l’université et celui du développement durable dans sa perspective onusienne. Cette démarche nous conduira vers un élément que nous considérons important de la pensée de l’auteur, celui de l’ouverture. Ouverture qui est offerte à la bioéthique par l’inclusion de perspectives ayant cours quant aux compréhensions variées du vivant, ouverture à la considération des savoirs ancestraux et des savoirs communs, ouverture aussi à tout autre contexte, qu’ils impliquent des situations minoritaires, des personnes défavorisées ou autres. Cette ouverture donne un sens particulier à une valeur primordiale de la bioéthique, celle du respect de la dignité humaine. (shrink)

While Deleuze and Guattari's Anti-Oedipus is quite rightly considered a fully fledged response to May ’68 and as one with the radical politics of the 1970s, their 1980 follow-up, A Thousand Plateaus, has tended to provoke a more perplexed reaction. In this article, I will argue that we can nonetheless extract a definite line of argumentation serving a precise political end if we relate the text back to Foucault's mid-1970s output on power/knowledge. In particular, I will emphasise Deleuze and Guattari's (...) appropriation of the Foucaultian notion of dispositif via their concept of the assemblage, the former being understood as a concrete articulation of lines of power, knowledge and subjectivation, as well as the Foucaultian ‘diagram’, the latter being a more abstract or indeterminate stage of the dispositif whose relative indeterminacy, for Deleuze and Guattari, offers a means of escape. I will show that, making room for the assemblage's opening back onto the relative indeterminacy of its generative stages, the assemblage incorporates into itself a more immanent alternative to the dispositif that is focused on collective desire rather than power, within which resistance becomes a primary and generative dimension rather than a counter-attack. In the first section, I will outline Foucault's approach to power, knowledge and subjectivation, emphasising Deleuze's reading of Foucault though without trying to overdetermine my reading in this way. Next, I will turn to the Foucaultian diagram. In the third section, I will focus on A Thousand Plateaus, demonstrating how the notion of assemblage developed in this text responds to and builds upon Foucault's approach to power/knowledge and subjectivation in order to reconceive resistance. (shrink)

This mini review examines the impact of tropical climate on motivational factors during aerobic performance and proposes the tracks of an integrative theoretical model to better understand the direct and indirect motivational mechanisms that can operate on athletic performances. TC is detrimental for aerobic performance and, although it clearly induces physiological constraints, these do not seem to be the only factors that explain the performance decline. Indeed, TC performance researchers have developed a theory of anticipation, which suggests that the brain (...) commands a reduction in effort to protect the body from probable harm and heatstroke risk. The objective of this mini review is thus to examine the possibility that motivation may be a key factor in TC performance. The main psychological impacts of TC on aerobic performance are reviewed and an integrative theoretical model is presented that may help to better understand the mechanisms of motivation. (shrink)

In the model proposed by Findlay & Walker, the programming of saccadic eye movements is achieved by two parallel processes, one dedicated to the coding of saccade metrics (Where) and the other controlling saccade initiation (When). One outcome of the “winner-take-all” characteristics of the salience map, the main node of the model, is an independence between the metrics and the latency of saccades. We report on some observations, made in the head-unrestrained cat under pathological conditions, of a correlation between accuracy (...) and latency of saccadic gaze shifts. To account for such a correlation, the link between metrics specification (Where) and saccade triggering (When) should be amended in the model. (shrink)

The first step of the construction of Nézondet's models of finite arithmetics which are counter-models to Erdös–Woods conjecture is to add to the natural numbers the non-standard numbers generated by one of them, using addition, multiplication and divisions by a natural factor allowed in an ultrapower construction. After a review of some properties of such a structure, we show that the choice of the ultrafilter can be managed, using just the Chinese remainder's theorem, so that a model as desired is (...) obtained as early as at the first time. (shrink)

In this paper, we use an experimental design to compare the performance of elicitation rules for subjective beliefs. Contrary to previous works in which elicited beliefs are compared to an objective benchmark, we consider a purely subjective belief framework. The performance of different elicitation rules is assessed according to the accuracy of stated beliefs in predicting success. We measure this accuracy using two main factors: calibration and discrimination. For each of them, we propose two statistical indexes and we compare the (...) rules’ performances for each measurement. The matching probability method provides more accurate beliefs in terms of discrimination, while the quadratic scoring rule reduces overconfidence and the free rule, a simple rule with no incentives, which succeeds in eliciting accurate beliefs. Nevertheless, the matching probability appears to be the best mechanism for eliciting beliefs due to its performances in terms of calibration and discrimination, but also its ability to elicit consistent beliefs across measures and across tasks, as well as its empirical and theoretical properties. (shrink)

Cet article tente de montrer comment Gilles Deleuze et Félix Guattari se sont saisis de la pensée de Karl Marx pour fonder leur théorie anti-idéaliste du désir. Pour cela, il étudie les références principales faites à Marx dans le premier chapitre de l’Anti-Œdipe, chapitre qui pose les bases de la conception deleuzienne du désir. A partir de là, il tente de voir s’il est possible de faire converger le projet politique de Marx et celui de Deleuze et Guattari.

Lorsque, dans Histoire et conscience de classe, Georg Lukács examine la dimension temporelle de ce qu’il nomme le « phénomène de la réification », il s’appuie sur un passage de Misère de la philosophie, passage dans lequel Marx fait la remarque suivante : « Elle [c’est-à-dire la mesure de la valeur par la seule quantité de travail] suppose que les travaux se sont égalisés par la subordination de l’homme à la machine ou par la division extrême du travail ; que (...) les hommes s’effacent devant le t... (shrink)

Il y a dans le roman des Lumières une véritable vogue de la parenthèse utopique. Les textes retenus pour cette étude sont donc des romans non utopiques dans lesquels figurent une ou plusieurs "micro-utopies.".

In light of the political facts of his time and his own experience, Merleau-Ponty tries, in the preface to Signs, to detect a general structure of history and culture. Concerned with establishing a concrete philosophy, the French philosopher never detached his political reflection from the particularity of circumstances. This article proposes to take up both the spirit and method of Merleau-Ponty. With regard to the spirit, this is a matter of seeing whether the analyses in the preface to Signs still (...) make sense for us today. With regard to method, we try to develop an interpretation anchored in the current experience of French politics. This rootedness in current events is fundamental if we do not want to betray the concern for contingency, the sign of a concrete political approach. We will find that the ethics of engagement defined by Merleau-Ponty in the expression, “virtu without resignation” could also be the response to certain contemporary problems. (shrink)

À propos de : Helmuth Plessner, Les Degrés de l’organique et l’Homme. Introduction à l’anthropologie philosophique, traduit par Pierre Osmo, Paris, Gallimard, 2017. Paru en langue allemande en 1928, il aura fallu attendre 89 ans avant de pouvoir lire en français ce grand texte de philosophie anthropologique cristallisant les prémisses et les fondements de ce que sera la pensée du XXe siècle autour de la question du vivant. Écrivant au carrefour des sciences humaines et des sciences naturelles...

We question the idea that the mirror neuron system is the substrate of social affordances perception, and we suggest that most of the activity seen in the parietal and premotor cortex of the human brain is independent of mirroring activity as characterized in macaques, but rather reflects a process of one's own action specification in response to social signals.

Unlike in physics, the category of thought experiment is not very common in biology. At least there are no classic examples that are as important and as well-known as the most famous thought experiments in physics, such as Galileo’s, Maxwell’s or Einstein’s. The reasons for this are far from obvious; maybe it has to do with the fact that modern biology for the most part sees itself as a thoroughly empirical discipline that engages either in real natural history or in (...) experimenting on real organisms rather than fictive ones. While theoretical biology does exist and is recognized as part of biology, its role within biology appears to be more marginal than the role of theoretical physics within physics. It could be that this marginality of theory also affects thought experiments as sources of theoretical knowledge. Of course, none of this provides a sufficient reason for thinking that thought experiments are really unimportant in biology. It is quite possible that the common perception of this matter is wrong and that there are important theoretical considerations in biology, past or present, that deserve the title of thought experiment just as much as the standard examples from physics. Some such considerations may even be widely known and considered to be important, but were not recognized as thought experiments. In fact, as we shall see, there are reasons for thinking that what is arguably the single most important biological work ever, Charles Darwin’s On the Origin of Species, contains a number of thought experiments. There are also more recent examples both in evolutionary and non-evolutionary biology, as we will show. Part of the problem in identifying positive examples in the history of biology is the lack of agreement as to what exactly a thought experiment is. Even worse, there may not be more than a family resemblance that unifies this epistemic category. We take it that classical thought experiments show the following characteristics: They serve directly or indirectly in the non-empirical epistemic evaluation of theoretical propositions, explanations or hypotheses. Thought experiments somehow appeal to the imagination. They involve hypothetical scenarios, which may or may not be fictive. In other words, thought experiments suppose that certain states of affairs hold and then try to intuit what would happen in a world where these suppositions are true. We want to examine in the following sections if there are episodes in the history of biology that satisfy these criteria. As we will show, there are a few episodes that might satisfy all three of these criteria, and many more if the imagination criterion is dropped or understood in a lose sense. In any case, this criterion is somewhat vague in the first place, unless a specific account of the imagination is presupposed. There will also be issues as to what exactly “non-empirical” means. In general, for the sake of discussion we propose to understand the term “thought experiment” here in a broad rather than a narrow sense here. We would rather be guilty of having too wide a conception of thought experiment than of missing a whole range of really interesting examples. (shrink)

Dans cet article, je propose de relire l’épistémologie de du Châtelet à l’aune de la question de l’autorité. Je montre que les outils méthodologiques convoqués dans les premiers chapitres des Institutions de physique (1740), à savoir le principe de non-contradiction, le principe de raison suffisante, ainsi que la théorie des hypothèses du chapitre 4, peuvent être compris comme des moyens de contrôler l’usage des systèmes des grands auteurs que sont Descartes, Leibniz et Newton. Ils permettent en effet d’éviter les dangers (...) du dogmatisme que représentent l’esprit de parti et l’idolâtrie. Ce faisant, je défends que l’une des originalités de l’épistémologie de du Châtelet est d’intégrer à sa théorie de la physique une réflexion sur la meilleure manière de gérer les autorités scientifiques. Cette perspective a l’avantage de court-circuiter la question traditionnelle des influences ou des filiations de du Châtelet, pour lui préférer celle de la façon dont elle use de la tradition. (shrink)

L’essai d'Albino Lanciani s'intitule « phénoménologie et sciences cognitives » mais l’on se serait satisfait d’un tout autre titre : « phénoménologie versus sciences cognitives », ou peut-être même plus légitimement, « Albino Lanciani contre les sciences cognitives ». Il ne s’agit en effet pas là d’une simple revue des points de désaccord entre approches cognitiviste et phénoménologique, mais d’un véritable bombardement du champ cognitiviste d’où la réflexion phénoménologique semble totalemen...

Ce texte se penche sur le rôle décisif que Heidegger attribue à l’œuvre de Paul Klee. Au regard de l’histoire métaphysique de l’art, Klee représenterait la possibilité d’une « mutation » et d’un dépassement, qui nécessiterait par ailleurs la rédaction d’une seconde partie de la conférence sur l’œuvre d’art. En examinant le lien qui unit la métaphysique et l’image, en même temps que le sens de la « fin de l’art » à l’âge de la métaphysique achevée, on montre en (...) quoi l’œuvre de Klee fait contrepoint à cette détermination métaphysique de l’art. Dans cette perspective, les analogies entre les textes de Heidegger et ceux de Klee tendent à confirmer le statut de ce dernier comme peintre de l’« autre commencement ». Il convient néanmoins de circonscrire la portée de telles analogies, en montrant comment, à côté d’une œuvre théorique encore partiellement soumise à des cadres philosophiques traditionnels, c’est par son œuvre plastique que Klee peut infléchir le sens de la conférence sur l’œuvre d’art du côté de l’autre commencement. (shrink)

In many respects, Mach’s arrival in Vienna in 1895 marks the beginning of a new era in Austrian philosophy, paving the way for young philosophers and scientists like Hahn and Neurath and preparing the soil for the Vienna Circle. While this understanding of Mach’s contribution to the development of Viennese philosophy seems correct to an important extent, it leaves aside the role of Brentano and his school in this development. I argue that the Brentanian and Machian moments of Austrian philosophy (...) are jointed. I propose a description of the nature of these joints based on institutional, methodological, and philosophical aspects of these phases, and suggest a diagnosis that supports what I take to be the right carving between these two moments. (shrink)

Pour Hegel, le sens s’élabore dans le langage, mais l’usage du langage ne fait pas nécessairement sens. Au niveau du discours, il semble même qu’un problème inévitable survienne. Si l’expérience d’un sens s’élaborant dans le langage ne s’accomplit que sous la forme d’un système autoréférent, comment ce sens peut-il se communiquer sans se contredire? Hegel n’échappe pas à ce problème si bien que l’on peut se poser la question de savoir si la dialectique du système est compatible avec les éléments (...) dialogiques (préfaces, notes, etc.) qui visent à l’instanciation de ce système? Nous montrons alors que pour nouer l’autoréférence du sens à l’idée de communication, Hegel présuppose le moyen terme d’un esprit commun, un "Nous". À partir de celui-ci, nous construisons un modèle dialogique et autoréférent qui dessine certains enjeux propres aux philosophies contemporaines de la communication. (shrink)

Le spiritualisme ravaissonien ouvre l'horizon d'une refondation complète de la métaphysique au cœur du XIXe siècle français. À partir de la lecture d'Aristote, Ravaisson élabore une critique de ce que l'on peut nommer les 'métaphysiques de la séparation', dont le point de départ se trouve dans les écrits du stagirite. Il s'agira dès lors de déployer une philosophie qui affirme l'identité de l'être et de la pensée, par-delà toute transcendance et tout dualisme. C'est ainsi que le problème de la métaphysique (...) peut être posé peut-on surmonter la disjonction de l'être et de l'étant, de la nature et de l'esprit, ou encore de l'homme et de Dieu? Faut-il au contraire considérer que la séparation définit le geste inaugural de toute métaphysique? Ravaisson, en refusant cette dernière possibilité, élabore une philosophie qui s'inscrit contre l'idéalisme transcendantal de Kant ou le positivisme de Comte, et plus largement contre toute tendance matérialiste de la pensée. Ainsi, l'unité perdue de la métaphysique doit être recherchée en questionnant l'héritage d'Aristote, afin de déterminer s'il s'agit de penser avec, ou contre celui-ci."--Page 4 of cover. (shrink)

Faced with the disenchantment and disengagement expressed by their employees, business leaders are considering ways of incorporating more benevolence into managerial practices. Nevertheless, ‘benevolence’—care and concern for the well-being of others—has not yet been studied in an organizational profit-focused context. In this paper, we seek to investigate the emergence and practice of benevolence with an eye on profit and performance. We begin by investigating the main ethical approaches to benevolence—virtue ethical, utilitarian, and deontological. Then, based on an empirical study, we (...) identify two distinct types of benevolence. On the one hand, formal benevolence is defined and monitored by the organizational processes and actions of leaders; it is understood by all concerned to be bounded by organizational performance. On the other hand, informal benevolence exists at the margin of these processes, in interpersonal and discretionary relationships. We set out to analyze these two types of benevolence and the complementarity between them. We also discuss to what extent they can be managed, teasing out some implications for managers and some potential avenues for further research. (shrink)