Lorsqu’il rédige son traité De officiis, Cicéron a sous les yeux le Peri kathekontos de Panétius, auquel il emprunte sa structure tripartite. Cette structure laisse pourtant perplexe, puisque le devoir (kathekon) y est envisagé sous l’angle du beau moral, puis sous l’angle de l’utile, pour en venir à une confrontation des deux. La perplexité naît de ce que le beau moral et l’utile sont interchangeables, si l’on s’en tient aux principes posés par Zénon et Chrysippe. Que signifie alors (...) cette structure? Notre hypothèse est la suivante : Panétius entend, par ce programme, résoudre le problème de l’indétermination inhérente à la définition même du devoir ; il s’efforce de refonder le devoir en remontant à son lieu d’origine, la vertu elle-même, comprise sous ses deux faces les plus claires : kalon et sympheron. (shrink)

Bien que Descartes n’emploie que rarement les mots officium ou « devoir », sa morale confère une place centrale à la notion d’action appropriée, dans un sens qui rappelle le kathekon des stoïciens. Cette notion enveloppe les devoirs de l’être humain envers Dieu et envers les autres êtres humains, ainsi que les actions qui trouvent leur justification dans le fait qu’elles favorisent la conservation et la santé du corps. Tout en relevant ces parallèles, je montre également que Descartes, dans son (...) analyse de la vertu et des passions, s’écarte des doctrines stoïciennes ; divergence que j’explique en partie par l’acceptation de la tripartition des biens (bien moral, biens du corps, biens extérieurs) que rejettent les stoïciens. (shrink)

Kant interprète le stoïcisme moral comme une sévérité dont la désinvolture est à la mesure de son caractère exalté. Les stoïciens défendraient une pensée du devoir indexée à la suppression de ses conditions de pertinence, en faisant de la finitude de l’homme un caractère contingent. Méconnaissant a fortiori la fragilité d’une liberté qui penche vers le Mal, ils contestent toute signification philosophique à l’espérance, tandis que Kant insiste sur sa nécessité, tant concernant le bonheur dont la vertu rendrait digne, (...) qu’au sujet d’une autocratie incertaine et d’une Grâce que la liberté finie appelle comme symbole de sa propre réserve. (shrink)

The distinction often made between “ethics of virtue” and “ethics of duty” may have led to the suggestion that the Aristotelian and Kantian conceptions of morality were fundamentally different from each other. This distinction could justify refusing to consider the motives of virtuous action as “moral” motivations in the strict sense. Yet, is it not the same thing to act in a virtuous manner as to act “by seeing”? Rosalind Hursthouse can thus note, as early as the end of the (...) last century, that there is “growing enthusiasm” for the idea that “the ideal Kantian agent” and “the ideal neo-Aristotelian agent” are “not so different from what they were supposed to be”. We would like to examine this thesis by going back to its sources in some temporal interpretations of the Kantian conception of action accomplished “by duty”. (shrink)

La quatrième partie de la Théorie des sentiments moraux est importante : la mention de la fameuse « main invisible » rapporte l'enquête morale au mécanisme de la prospérité sociale que la Richesse des Nations prend pour objet. Mais il y a plus : on y trouve aussi la justification de l'hypothèse libérale selon laquelle la prospérité n'est le mieux atteinte que lorsque les citoyens ne la poursuivent pas consciemment. The fourth part of the Theory of moral Sentiments is an (...) important one : the quoting of an « invisible hand » refers the moral enquiry to the propping of the social prosperity which The wealth of Nations takes as an object of study. But there's one thing more : one also finds evidence therein of the liberal hypotheses according to which prosperity is never better reached but when citizen do not pursue it consciously. (shrink)

On trouve dans le stoïcisme plusieurs définitions contradictoires de l'amour-éros. l'amour-éros comme propension à se créer des amis à cause de leur beauté est tantôt attribué au sage, tantôt tout à fait condamné. M. Schofield et M. Nussbaum ont essayé de résoudre cette aporie. Après avoir soulevé certaines difficultés qu'engendraient leurs interprétations, l'A. montre que l'éros a deux acceptions différentes. Il est premièrement la passion, le désir charnel, que les stoïciens excluent absolument. Mais l'éros signifie aussi une tendance naturelle à (...) se faire des amis de ceux dont la beauté manifeste une aptitude à la vertu. Un tel éros occupe une place dans la vie morale du stoïcien. À la suite de Platon, les stoïciens reprennent le vocabulaire pédérastique grec pour le sublimer et lui donner un sens nouveau. Cette forme d 'éros bannit toute passion amoureuse et toute relation sexuelle. Il est un amour d'amitié. ---------------------------------------------------------------------------------------------------- ---------- A number of contradictory definitions of love-eros occur in Stoicism. Love-eros as the propensity to make friends because of their beauty is at times attributed to the sage, and at times utterly condemned. M. Schofield and M. Nussbaum have attempted to resolve this aporia. Having raised certain difficulties involved in their interpretations, the A. has attempted to show that eros had two different meanings. It is firstly passion, carnal desire, that the Stoics reject absolutely. But eros also means a natural tendency to make friends of those whose beauty manifests an aptitude for virtue. An eros of this type holds a place in the moral life of the Stoic. Following Plato, the Stoics make use of the Greek pédérastie vocabulary in order to sublimate it and give it a new meaning. This form of eros banishes any amorous passion and any sexual relationship. It is a love of friendship. (shrink)

Une morale pour les mortels est une etude d'ensemble de l'ethique de Platon et d'Aristote, a partir de la problematique philosophique qui lui donne corps: la mortalite de l'etre humain, source de ses desirs et de leur perpetuelle insatisfaction. Par contraste avec une morale du devoir, on decouvre ici une morale qui s'exprime par un il faut, poussant vers une fin qui puisse repondre au manque et au besoin qui marquent la condition humaine. A partir de cette problematique sont repris (...) et eclaires tous les concepts et theses classiques de l'ethique ancienne: la question de la mesure et de l'harmonie, la vertu dans son unite et sa pluralite, le bonheur, le bien, le plaisir, l'amitie, l'amour de soi, la volonte et les autres desirs, l'intention, l'action, et surtout la verite du paradoxe nul n'est mechant de plein gre, dont sont exposees la resistance face aux critiques d'Aristote et les consequences dans le domaine penal. L'ensemble met en valeur la specificite de l'etre humain decelee par les Anciens: qu'il soit un etre tout a la fois desirant et pensant. (shrink)

Background: The management of challenging behaviours in inpatient with intellectual disability and/or autism spectrum disorders can lead to an escalation of control measures. In these complex situations where patients have an intellectual disability/autism spectrum disorder accompanied by a psychiatric comorbidity, the experiences of caregivers related to the crisis management have rarely been studied. Purpose: This study examined the moral experiences of caregivers related to challenging behaviours’ management and alternatives to control measures. Research design: Using Charles Taylor’s hermeneutic framework, a 2-month (...) focused ethnography with a participatory approach was used. Participants and research context: Sixteen caregivers were interviewed in a Canadian mental health setting for adults with intellectual disability/autism spectrum disorder and psychiatric comorbidity. Ethical considerations: The research was conducted in compliance with the Declaration of Helsinki and local Research Ethics Board approval. Written informed consent was collected systematically from participants. Findings: By accounting for caregivers’ moral experiences, this study sheds light on a neglected dimension of the care relationship: the vulnerability of the caregiver. We highlight the main barriers and facilitators to alternatives to control measures. First, a caregiver’s vulnerability was characterised by the overall impact of challenging behaviours and the moral distress associated with the use of control measures and exclusion mechanisms of intellectual disability/autism spectrum disorder patients. Second, a strong ambiguity between care and control measures and a lack of inclusive approaches were identified as the two main barriers to challenging behaviour management. Third, the involvement, both professional and personal, of caregivers was deemed necessary to implement alternatives to control measures. Discussion: A conflict of values opposes two conceptions of autonomy: a rational autonomy, which is counterproductive to the reduction of control measures, versus a relational autonomy based on shared vulnerability. Conclusion: The recognition of caregiver’s vulnerability is a benchmark to create alternative approaches, which defuse the logic of control and promote an ethics of care within which caregivers’ self-concern can be understood as fostering mutual respect. (shrink)

This paper explores the nature of rights, and their implications for the ethics of nursing. A right is seen as an entitlement which is justified on moral and/or legal grounds, and which may take the form of a right of action or a right of recipience, or both; in either case, correlative duties are generally imposed on others. Some of the conflicts which can occur among two or more conflicting rights are examined through three hypothetical scenarios, and approaches to their (...) resolution are suggested. The question of whether nurses, as nurses, possess rights is then considered, and it is suggested that they do not. In conclusion, it is argued that, if rights are to be a helpful concept, they must be carefully defined and analysed, and their relationship to one another, and to duties, must be clarified. Cet article étudie la nature des droits et leur implications pour l'éthique des soins infirmiers. Un droit reste sur des bases morales et légales et peut prendre la forme d'un droit d'action ou d'un droit de récipience ou des deux formes ensembles. En chaque instant, des devoirs corrélatifs sont normalement imposés à d'autres personnes. Quelques uns des conflits qui peuvent arriver entre deux (ou plusieurs) droits opposés sont considérés ici par trois possibilités hypothétiques et des possibilités de résoudre les problèmes sont proposées. Enfin, la question est considérée si les infirmiers/ères possèdent des droits en tels qu'infirmiers/ères, et il est proposé qu'ils/elles ne les possèdent pas. En conclusion, il est proposé que pour les droits d'être utiles, ils doivent être bien définis et analysés et les relations entre eux et envers les devoirs doivent être bien claires. Dieser Artikel erforscht des Wesen der Rechte und deren Auswirkungen in der Krankenpflegeethik. Ein Recht hat moralische oder legale Gründe und nimmt die Form entweder eines Rechtes der Aktion oder eines Rechtes des Empfanges, oder beider Arten. In allen Fällen sind entsprechende Pflichten anderen aufgelegt. Einige Konflikte, die unter zwei (oder mehreren) Rechten entstehen können, sind hier untersucht an Hilfe von drei hypothetischen Szenarien. Möglichkeiten für die Lösung der Probleme sind vorgeschlagen. Anschliessend wird die Frage, ob das Krankenpflegepersonal Rechte hat - als Personal - betrachtet, und es ist vorgeschlagen, dass solche Rechte nicht bestehen. Zum Abschluss wird vorgeschlagen dass Rechte hilfreich sind wenn sie sorgfältig analysiert und festgelegt sind und wenn deren Beziehung zu einander und zu Pflechten klar ist. (shrink)

Peut-on penser l’accueil des migrants, le droit d’asile ou plus généralement l’immigration comme un devoir ou un droit d’hospitalité ? On comprend intuitivement qu’il y a un lien, mais on peine à voir pourquoi mobiliser une idée aussi datée et à la connotation plus religieuse que politique pourrait nous être utile. Cet article vise à comprendre le sens du retour manifeste à ce vocabulaire. Retour certes modeste, mais, nous le verrons, significatif. Car les apparitions historiques du concept d’hospitalité dans la (...) sphère publique ne sont jamais anodines. Puiser ainsi dans l’imaginaire moral de l’humanité, c’est chercher à résoudre un problème suffisamment grave pour que les concepts classiques de la politique nous semblent insuffisants. Ce problème, pour le dire brièvement, c’est celui d’une triple tension : tension entre l’ouverture et la fermeture des frontières, tension entre l’éthique et la politique de l’immigration, tension enfin entre l’accueil et l’intégration des étrangers. Or l’hospitalité a historiquement permis une articulation de ces tensions : elle offre une position relativement cohérente, où l’on rend possible l’ouverture contrôlée des frontières (par exemple, sous la forme de droit de passage), permise au nom d’une morale, généralement issue du droit naturel, mais limitée au seul accueil des étrangers – sous-entendu accueil temporaire, sans garantie de pouvoir rester, sauf à satisfaire aux critères potentiellement toujours plus exigeants de l’hôte, autrement dit un accueil sous forme d’une domination. Cette articulation ne va donc pas sans poser problème aujourd’hui. Il est alors important de comprendre comment l’hospitalité s’est constituée comme grammaire critique des lois répressives contre les migrants, tout en pointant les difficultés à raviver ses caractéristiques anti-modernes. (shrink)

The second season of True Detective portrays the relationship between law and justice cynically; law and its enforcement seem to be divorced from any conception of justice. Austrian legal theorist Hans Kelsen jurisprudence explicitly refers to official norms, such as legal order imposed by the state. True Detective, deals largely with unofficial legal norms, such as those of a corrupt city and of criminal organizations. A central conflict in True Detective's second season is the tension between the impulse for revenge (...) and the impulse for the more noble retributive justice. The series' presentation of law and justice and the conflict between a retrograde system of justice that is the norm and a newer virtue ethic driven by moral reasoning is what brings about the inevitable tragedies of the finale— the violent deaths of Velcoro and Semyon, and the exile of Bezzerides. True Detective is, particularly in its finale, a good illustration of Hegel's vision of tragedy. (shrink)

Mon projet est de montrer qu'une meilleure compréhension de la position de Kant sur la valeur morale et sur le rôle de la compassion révèle que les objections soulevées par les théoriciens contemporains de la psychologie morale et par les féministes ne sont pas fondées, et que la position de Kant sur ces questions n'est pas du tout contre-intuitive. D'autres on dej´ soutenu que Kant accorde un rôle important á la compassion et que sa présence, pour lui, ne diminue pas (...) la valeur morale des actions, mais je soutiens, plus positivement, que la présence de la compassion, pour Kant, est la marque d'une personne qui a progressé vers I'idéal, inaccessible et pourtant nécessaire, de la vertu morale et que la personne idéale de Kant est quelqu'un qui agit par devoir et qui a développé un sens aigu de la compassion. (shrink)

Dans la troisièmeCritique, Kant prétend que la beauté est le symbole de la moralité et que la réflexion sur cette relation est un devoir. Cet article présente l’argument de Kant comme un double argument. Premièrement, l’expérience de la beauté renforce notre sentiment moral. Deuxièmement, à travers le jugement sur le beau, nous supposons que la nature poursuit des fins indéterminées, sur la base de quoi l’on pourrait concevoir que la nature coopère à nos fins pratiques. Ainsi, dans l’intérêt de (...) la culture morale et de la motivation morale, il est nécessaire de traiter la beauté comme le symbole spécial de la moralité. (shrink)

Em "Do útil e do honesto" Montaigne indaga se, na defesa do Estado, haveria limites éticos para a ação do príncipe. O príncipe deve pautar-se pelo útil ou pelo honesto? Argumenta que o "devoir publique" é o limite da dedicação do súdito a um príncipe, o qual deve preservar a liberdade de julgamento. Ir além dos limites da consciência no serviço público é arriscar a confiança dos outros na veracidade de suas próprias palavras. Não há razão superior à razão de (...) consciência. Enquanto para Maquiavel o conceito de utilidade é fundamental, para Montaigne o útil não é o honesto. Ainda que a utilidade pública, mesmo que por uma "razão mais geral", obrigue à desonestidade, a moralidade deve vigorar no espaço público. A honestidade, no interior do espaço público, é uma força instituinte da sociedade política. Todavia, a pretensão à verdade e o cuidado com a "paix publique" são definitivamente distintos. Montaigne afirma a incompatibilidade entre a moral e a política, mas almeja um príncipe que não ignore o honesto. In "Of the useful and of the honest" Montaigne questions if, in the defense of the State, there shoud be any ethical limits to the action of the prince. Must the prince be guided by the useful or the honest? He argues that the "devoir publique" is the limit subjects have to respect in their dedication to the prince, preserving their freedom of judgment. In public affairs, going beyond the limits of conscience is risking the trust of others in the truth of one's words. There is no reason higher than consciousness. While, according to Machiavelli, the concept of utility is fundamental, Montaigne distingishes the useful from the honest. Even if the public utility (hence a "more general reason") may impose dishonesty, morality should prevail in the public space. Within the public space honesty is essential to institute the political society. However, to be truthful and to care about the "paix publique" are definitely different. Montaigne assumes the incompatibility between morality and politics, but not a prince who ignores the difference between the useful and the honest. (shrink)

La nature du projet de Danielle Lories est exposée clairement dans les premières pages de l’ouvrage. L’auteure situe les origines de son entreprise dans la volonté d’affronter la difficulté que présente la notion de «sens commun», aux paragraphes 18, 22 et 40 de la Critique de la faculté de juger de Kant, mais aussi le propos de Hannah Arendt tiré de «La crise de la culture» qu’elle cite en page 2, sur la jonction des sens communs kantien et aristotélicien. Ce (...) qui préoccupe essentiellement l’auteure, dans la pers-pective d’une pensée de la «spécificité du jugement praxique», est ici la façon dont s’articulent le sens commun en tant qu’unification de l’expérience sensorielle par-delà la diversité des cinq sens, et le sens communautaire en vertu duquel nous communions dans une même appréhension du réel, la constitution d’un rapport au réel étant d’abord affaire de sens: «Chez Arendt, tout se passe comme si le partage des choses perçues avec autrui et donc leur réalité “objective” était le prolongement naturel du partage d’une même chose perçue par nos divers sens». En arrière-plan de l’entreprise figure un intérêt pour les rapports entre jugements pratique et esthétique. L’auteure se trouve amenée à traiter d’Aristote, et entend montrer que si chez lui le sens commun du De anima et des Parva naturalia est bien un sens global du réel, il n’a guère encore cette dimension communautaire que présente en revanche la φρόνησισ, «excellence du jugement pratique et excellence politique», laquelle φρόνησισ se trouve en continuité avec la discrimination perceptive unitaire, dans la mesure où pour l’une comme pour l’autre, l’objet est le particulier du monde réel perçu. Danielle Lories est également conduite à examiner si, entre le livre VI de l’Éthique à Nicomaque, d’une part, et la Critique de la faculté de juger d’autre part, il n’y a «rien qui vaille mention». Ayant travaillé sur Shaftesbury, un des pères britanniques de la philosophie du sens commun, sous l’espèce notamment du sens moral, par ailleurs précurseur du désintéressement esthétique kantien, et enfin lecteur d’Épictète, l’auteure se trouve orientée dans la direction de sa source stoïcienne. De là cette fois, malgré l’obstacle apparent que constitue le fait pour le stoïcisme de s’apparenter davantage au platonisme qu’à l’aristotélisme en concevant la φρόνησισ comme une science et en l’identifiant à la σοφία, tout en faisant en outre à peu près silence sur l’αἴσθησισ κοινή, l’idée d’«étudier l’éventuel apport du stoïcisme — ancien — à l’analyse du jugement pratique — celui du phronimos au sens où l’entendait Aristote», la thèse étant que la marque du stoïcisme dans l’histoire de la pensée occidentale du jugement pratique «consiste à faire converger dans ce jugement plusieurs formes de “sens commun” dont certaines sont dérivées de l’aisthèsis koinè ou encore de la phronèsis aristotéliciennes». (shrink)

Y a-t-il une seule et unique morale dont on puisse se prévaloir aujourd'hui? Les réflexions philosophiques sur la morale se sont toujours combattues, remplacées, démenties au fil du temps, tout en étant chacune valable. Le stoïcisme, la morale de la vertu, le recours à la loi morale, l'utilitarisme sont autant de courants qui irriguent encore notre façon de penser. Mais laquelle de ces "visions" choisir? Et pourquoi choisir celle-là plutôt qu'une autre? Michel Meyer opère ici un retournement de la (...) pensée traditionnelle sur l'éthique. C'est parce que l'homme est un problème pour l'homme qu'il y a des réponses qu'on appelle la morale. Michel Meyer ne part plus des sujets éthiques (Moi, l'Autre) comme référents moraux, mais de la distance, plus ou moins grande, entre les individus. C'est la variation de cette distance qui influence nos choix quant au bien et au mal, à ce que l'on recherche ou à ce que l'on veut fuir ou éviter, et qui fera qu'on sera tantôt stoïcien, tantôt utilitariste ou kantien. Le positionnement des sujets les uns par rapport aux autres conduit à agir de telle ou telle manière, donc à adopter tel ou tel type de conduite morale et à juger ce qui est bien ou mal de façon différente. Le problème moral, c'est l'Autre comme problème, auquel il convient de répondre selon la distance qui nous sépare, nous divise ou nous rapproche, et auquel on répond toujours d'ailleurs, parce qu'il constitue une menace, un appel à l'aide, ou encore la nécessité de coopérer. Sans chercher à édicter de nouvelles règles ou de nouveaux préceptes, Michel Meyer replace les grandes théories morales, comme celles d'Aristote, de Kant, de Mill ou encore de Hume, dans un espace philosophique virtuel qui est leur espace de validité. Avec le concept de distance entre les êtres, il nous offre ainsi une approche nouvelle et synthétique de la morale. (shrink)

Volume 20, Issue 2, February 2020, Page 49-50.

This paper aims to study Bentham’s utility and its meaning of moral education. To compute pleasures and pains in Bentham is not a simple calculation. As seen in this paper, his concern of pleasures and pains is toward the community based on the pursuit of happiness by a private individual. For the greatest happiness, he does not have to have the excessive interest in the community, because of the simple feature that the community consists of private individuals and each action (...) in their lives is under the nature of the production of pleasure and of the avoidance of pain. The key to complete Bentham’s plan in IPML is to get the conception of the art of ethics. In Bentham, ethics is the art of directing men’s actions to produce the greatest happiness. Important in his definition is that he distinguishes it into two sections: private and legislation. He recognizes private sections that do not have to be intervened by legislation. A private individual has to control a motive and actions of self-regarding in the course of expressing his duty to himself for his neighbors. The action of the individual is not necessary to be the same of legislation, while the art of legislation is always to control happiness in the results of their performances. That is the art of ethics. More important, subsequently, is the art of moral education. In Bentham, the moral part of education is to cultivate a lot of affections. In fact, he emphasizes the importance of considering a motive as the springs of actions in calculating pleasures and pains. In his view, different actions have the same motive, so that the greatest happiness can be controlled from the beginning of the actions. Therefore, the art of moral education is to deal with a motive in terms of its expected pleasures and pains, in the process of performing an individual’s duty to himself, that is, of expressing his duty toward his neighbors. This paper would utilize his scheme of the art of moral education by drawing a questionnaire in the areas of moral sensitivity, judgement, motivation and practice. (shrink)

The popularisation of drawing up codes that are addressed to various social groups is one of the features of the modern world. However, researchers of the phenomenon have not yet reached a consensus about the moral validity and utility of this activity. The article thoroughly reviews the Polish literature on the subject with regard to the reasons for taking a moderate stance on the codification of ethical standards. The essay describes the main concepts of ethical codes as well as arguments (...) for their approval and rejection. Attention is drawn to the ways of improving the effectiveness of codes and to the ethical decision-making procedure that reconciles the positions of the supporters and opponents of codification. (shrink)

La réflexion sur l’éthique et la participation des jeunes et des enfants à l’aménagement com- porte au moins deux dimensions : d’une part, les justifications d’une telle participation ; d’autre part, les problèmes que la pratique participative fait émerger et face auxquels les cadres de réfé- rence conventionnels (non participatifs) ne sont pas toujours utiles. Le présent article aborde ces deux dimensions et explore leurs liens à la lumière de trois méthodes distinctes en matière de théorie morale, soit l’éthique déontologique, (...) l’éthique conséquentialiste et l’éthique de la vertu. Sur la base d’une expérience participative d’aménagement inscrite dans le programme Grandir en Ville de l’UNESCO, certaines contradictions entre les principes d’une pratique participative avec des enfants et la manière dont les problèmes éthiques sont parfois gérés sont mises en évidence. (shrink)

Cette monumentale etude d'Olivier Brunet reste assurement la reference majeure concernant la philosophie esthetique de David Hume (1711-1776). Les questions et les problemes relatifs au "beau", au "jugement de gout" ne se presentent pas, dans l'oeuvre du penseur ecossais, de maniere detachee, isolee du reste de sa philosophie. C'est l'un des merites d'Olivier Brunet d'avoir montre que les reflexions de Hume sur l'esthetique sont inseparables de ses concepts essentiels. Ainsi, lorsque l'on recherche les racines conceptuelles de la definition du (...) "jugement de gout" chez Hume, on retrouve les memes jalons qui structurent son ethique. En morale comme en esthetique, les "passions" jouent un role central et sont liees - chacune a leur facon - a l'"utile"; celui-ci participe a la cause du "plaisir esthetique" qui est lui-meme etroitement lie a la fameuse "sympathie", sentiment desinteresse reglant le comportement moral tel que definit par Hume. La boucle est-elle bouclee? Loin de la, car l'esthetique humienne serait encore impossible a saisir, sans y considerer l'usage que le fondateur de l'empirisme moderne fait de ses concepts-phares : la croyance, le scepticisme, l'experience, l'habitude. Olivier Brunet, enfin, ne borne pas son etude a la philosophie esthetique de Hume. De tres belles pages sont consacrees a la relation personnelle que ce dernier entretenait avec l'art, ainsi qu'aux vertus sociales, psychologiques et morales que l'auteur du Traite de la nature humaine deduisait de la contemplation du Beau. (shrink)

On conçoit souvent la jalousie comme une émotion ayant pour objet les relations de proximité (amour, amitié, fratrie, etc.). Elle a généralement mauvaise presse et est typiquement envisagée comme une émotion moralement condamnable, voire comme un vice. Or, la jalousie ne porte pas uniquement sur les relations de proximité : elle peut également porter sur divers biens (prestige, richesses, biens matériels, privilèges, etc.). Par ailleurs, certains auteurs soutiennent que des cas de jalousie pourraient être moralement justifiés, voire que la jalousie (...) pourrait être une vertu. La jalousie paraît également jouer un rôle dans l’institution et le maintien d’institutions visant à perpétuer des inégalités entre les individus jaloux de leurs avantages et ceux qu’ils envisagent comme des concurrents cherchant à les déposséder de leurs biens. De fait, la jalousie paraît utile pour la théorie politique de par les liens qu’elle entretient avec la justice distributive. Cet article propose, dans la première section, une discussion portant sur la nature de la jalousie où elle est contrastée avec l’envie et l’indignation. Dans la seconde section, on se demandera si la jalousie est un vice, ou si elle peut être parfois moralement justifiée, ou même être une vertu. La troisième section traitera les rôles joués par la jalousie collective dans la justice distributive et la fondation et le maintien d’institutions sociales visant à protéger les intérêts des jaloux. Pour le faire, le cas de la jalousie économique, telle que David Hume et Adam Smith la concevaient dans les relations commerciales entre États européens au XVIIIème siècle, est considéré. (shrink)

" La justice, écrit John Rawls, est la première vertu des institutions sociales comme la vérité est celle des systèmes de pensée. " Rawls renoue ainsi avec la grande tradition de la philosophie politique classique, kantienne en particulier. Les principes de justice qui gouvernent nos démocraties peuvent faire l'objet d'un accord unanime, légitimé par la procédure suivie et non plus par référence à une conception du souverain bien. Mais sa démonstration suppose une société unifiée. Or cette condition n'est plus (...) valable étant donné la diversité culturelle de nos sociétés multiethniques. La nouvelle question qui se pose est donc celle " de savoir comment une société juste et libre est possible dans des conditions de conflits doctrinaux profonds sans espoir de solution. " Dans Libéralisme politique, Rawls amorce une réponse. Le consentement recherché sur des principes de justice ne doit pas être compris comme une adhésion globale : c'est un consentement uniquement " politique " qui laisse toute liberté en matière philosophique, morale ou religieuse. Mais peut-on ainsi séparer le politique et le métaphysique? Est-il possible et même utile de rester " philosophiquement superficiel " pour parvenir à un consensus politique? (shrink)

A la vérité, la pensée de Kant, et c'est là son originalité, propose une sagesse authentique qui se fonde dans le concept de devoir au sens de la loi morale. Contrairement à ce que certains auteurs (V. Brochard, P. Aubenque, M. Foucault) ont pu soutenir, il n'y a pas lieu d'opposer les sagesses de la philosophie grecque et la philosophie pratique de Kant, qui ne serait pas une sagesse, mais une morale du devoir. Le présent ouvrage montre que cette sagesse (...) doit se comprendre comme l'individuation de l'exigence de la vertu, soit comme une tension entre l'impératif moral et l'accomplissement d'une ascétique éthique soucieuse de réaliser l'humanité dans sa destination complète. (shrink)

The Abbé de Saint-Pierre, best known for his 'Project for Perpetual Peace', in fact left a much larger and more coherent body of political and moral writing, but it has been only partially studied. This book, the first systematic exploration of his entire corpus, offers a complete re-evaluation of this important author's contributions to the Enlightenment. From the first decades of the eighteenth century, Saint-Pierre set forth a pioneering vision of politics as the harmonisation of interests, anticipating Bentham as a (...) utilitarian. He imagines replacing the system of inherited power and clientele networks, which structured Old Regime society and determined the exercise of power under absolutism, with a rationalised, meritocratic and dynamic organisation. He argued for the political values of social utility and public good to take the place of the Christian ideals of perfection and the aristocratic ideals of personal charisma. As a deist seeking to reconcile morality and religion, Saint-Pierre argued that the search for salvation through active piety must also promote social justice and beneficence--and that only the indivisible power of a rationalised monarch, informed by competent elites, could carry out the reforms necessary to yield a government which would produce the greatest happiness for the greatest number. Saint-Pierre, thus, provided among the first arguments for an imposed welfare state, well before the sources more frequently associated with that idea--political economists, cameralists and the physiocrats."--Pages v-vi. (shrink)

Philippe Fournier | : Le point de départ de ma proposition est que la responsabilité est un terme plus approprié que la vertu pour désigner les exhortations au devoir civique dans l’ère contemporaine. De même, à défaut de voir l’implication citoyenne comme l’expression de la rationalité individuelle ou de la conscience morale dans la sphère publique, je propose de comprendre la responsabilité comme une matrice discursive et gouvernementale qui perpétue des modèles comportementaux bien spécifiques. J’entends ainsi démontrer que la (...) responsabilité est devenue une modalité indispensable du « gouvernement de la conduite » au sein d’une rationalité néolibérale. En plus de constituer une série de dispositions morales qui remédierait aux failles et aux lacunes de l’individualisme libéral, la responsabilité se matérialise dans les incitations à une citoyenneté active et participe de ce fait à la rationalisation du retranchement de l’État de la sphère sociale. Comme l’illustrent des courants aussi divers que le néoconservatisme, le communautarisme et l’économie sociale, la responsabilité se présente moins comme une solution de rechange aux créneaux du néolibéralisme qu’une série de techniques et de standards comportementaux visant à compléter et renforcer l’application élargie d’une logique micro-économique. Je montrerai que le recours à la notion de responsabilité est particulièrement visible dans les politiques d’aide sociale et au sein des nouveaux partenariats entre l’État, le milieu communautaire et les communautés locales. En effet, l’aide étatique est de plus en plus conditionnelle à la démonstration de certaines dispositions morales et psychologiques comme la volonté, la ténacité et la probité. L’article se divise en quatre parties. La première s’attarde à définir brièvement la « gouvernementalité », concept initialement développé par Michel Foucault. La deuxième se penche sur des travaux plus contemporains, notamment ceux du sociologue britannique Nikolas Rose qui se préoccupe de la responsabilité en tant que modalité gouvernementale au sein du néolibéralisme. La troisième partie met en relief les particularités du néolibéralisme américain. En vue de cerner les pratiques et discours associés à la responsabilité de façon plus précise, la dernière partie examine l’un des principaux programmes d’aide sociale aux États-Unis, l’Aid to Families with Dependent Children, devenu le Temporary Assistance for Needy Families en 1996, des années 1980 jusqu’à aujourd’hui. | : Our point of departure is that responsibility is a more appropriate term than virtue to designate the contemporary exhortations to civic duty. Instead of seeing civic engagement as a means to express individual rationality or moral conscience in the public sphere, this paper suggests that we should understand responsability as a discursive and governmental matrix that perpetuates specific behavioral standards. More specifically, the article aims to show that responsability has become an indispensable instrument of rule within a neoliberal rationality of government. As well as pointing to a range of moral dispositions that can offset neoliberalism’s shortcomings, the notion of responsibility is mobilised in the repeated public calls to active citizenship and plays a strategic role in the discursive justification of the state’s withdrawal from the social sphere. As illustrated by strands of thought as diverse as neoconservatism, communitarianism and social economy, responsibility is less an alternative to neoliberal tenets than a series of techniques and behavioral standards that complement and reinforce the extension of a microeconomic logic to all spheres of human activity. The appeals to responsibility are particularly visible in contemporary social policies and in the strategic partnerships between the state, community organisations and local communities. Indeed, state assistance has become increasingly conditional on the demonstration of aptitudes and moral qualities like earnestness, tenacity and willpower. The article proceeds in four parts. The first part briefly defines governmentality, a concept initially developed by Michel Foucault. The second part explores Nikolas Rose’s work on advanced liberalism and takes a look at contemporary articulations of responsibility. The third part examines the specificities of American neoliberalism. In order to identify the practices and discourses linked to the notion of responsibility, the final part of the article looks at one of the main social programs in the United States, namely the Aid to Families with Dependent Children, renamed the Temporary Assistance for Needy Families in 1996, from the early 1980s to our day. (shrink)

Utility discounting in intertemporal economic modelling has been viewed as problematic, both for descriptive and normative reasons. However, positive utility discount rates can be defended normatively; in particular, it is rational for future utility to be discounted to take into account model-independent outcomes when decision-making under risk. The resultant values will tend to be smaller than descriptive rates under most probability assignments. This also allows us to address some objections that intertemporal considerations will be overdemanding. A principle for utility discount (...) rates is suggested which is rooted in probability discounting. Utility discounting is defended against objections from Parfit (1984) and Broome (2005); Broome (2012). A sample utility discount rate is estimated. [Open access]. (shrink)

Is it true that utilitarianism can accommodate the modern belief that human beings have certain moral rights against everybody ‘just in virtue of their human nature?’ I should have thought the most a utilitarian could grant was that we had rights just in virtue of the utility of respecting such rights, not just in virtue of our human nature. In fact, that is more like the view Professor Brandt actually supports. What he argues is that there is not the a (...) priori difficulty with the idea of utilitarian moral rights that some philosophers have thought there was. However, I think the possibility of utilitarian moral rights is not the same as the view that we all have human rights against everybody just in virtue of our human nature. As I hear it, ‘just in virtue of our human nature’ is an alternative to a utilitarian basis for rights. I'll return to that. (shrink)

The essays in this volume offer a reassessment of Jeremy Bentham's strikingly original legal philosophy. Early on, Bentham discovered his 'genius for legislation' - 'legislation' included not only lawmaking and code writing, but also political and social institution building and engineering of public spaces for effective control of the exercise of political power. In his general philosophical work, Bentham sought to articulate a public philosophy to guide and direct all of his 'legislative' efforts. 0Part I explores the philosophical foundations of (...) his public philosophy: his theory of meaning and framework for analysis and definition of key concepts, his theory of human affections and motivations, and his utilitarian theory of value. It is argued that, while concepts of pleasure and happiness play nominal roles in his theory of value, concepts of publicity, equality, and interests emerge as the dominant concepts of his public philosophy. Part II explores several dimensions of Bentham's jurisprudence, including his radically revised command model of law, his early reflections on justice and law in adjudication, his theories of judicial evidence, constitutional rights, the rule of law, and international law. The concluding essay demonstrates the centrality of the notion of publicity in his moral, legal and political thought. Emerging from this study is a positivist legal theory and a utilitarian moral-political philosophy that challenge in fundamental ways contemporary understandings of those doctrines. (shrink)

Utilitarians are attracted to the idea that an act is morally right iff it leads to the best outcome. But critics have pointed out that in many cases we cannot determine which of our alternatives in fact would lead to the best outcome. So we can’t use the classic principle to determine what we should do. It’s not “practical”; it’s not “action-guiding”. Some take this to be a serious objection to utilitarianism, since they think a moral theory ought to be (...) practical and action-guiding. In response, some utilitarians propose to modify utilitarianism by replacing talk of actual utility with talk of expected utility. Others propose to leave the original utilitarian principle in place, but to combine it with a decision procedure involving expected utility. What all these philosophers have in common is this: they move toward expected utility in order to defend utilitarianism against the impracticality objection. My aim in this paper is to cast doubt on this way of replying to the objection. My central claim is that if utilitarians are worried about the impracticality objection, they should not turn to expected utility utilitarianism. That theory does not provide the basis for a cogent reply to the objection. (shrink)

Comparisons between utilities pose a pressing problem if, while incapable of being grounded, they are required in ethical deliberation. My aim is to consider whether there are epistemological impediments to implementing such ethical choices. Can we find ourselves being persuaded of the ethical need to compare utilities of different individuals, yet unable to do so because the comparisons cannot be warranted? I argue that the problem cannot arise; no plausible moral principle will invoke magnitudes which are inscrutable.

Several authors have argued that act–utilitarianism cannot provide an adequate critique of buying meat because a single meat purchase will not actually cause more farm animals to be raised or slaughtered. Thus, regardless of whether or not the production of meat is inhumane to animals, someone who buys meat is doing nothing wrong. This argument fails to show that meat purchases are morally permissible, however, because it assumes that act–utilitarians would use actual utility in their decision to buy or not (...) to buy meat. I show that act–utilitarians cannot use actual utility as a decision procedure and must instead use expected utility to prescribe or proscribe actions. I then demonstrate how expected utility can be applied to cases of contributory causation, where many people seem morally responsible for causing something to happen. Buying meat is one case of contributory causation where the probability of any single individual's affecting meat production is slight, but the expected disutility of affecting that production is substantial. Thus, in its expected utility form, act–utilitarianism defeats the ‘causal inefficacy’ defence of buying meat [1]. (shrink)

Consider a subjective expected utility preference relation. It is usually held that the representations which this relation admits differ only in one respect, namely, the possible scales for the measurement of utility. In this paper, I discuss the fact that there are, metaphorically speaking, two additional dimensions along which infinitely many more admissible representations can be found. The first additional dimension is that of state-dependence. The second—and, in this context, much lesser-known—additional dimension is that of act-dependence. The simplest implication of (...) their usually neglected existence is that the standard axiomatizations of subjective expected utility fail to provide the measurement of subjective probability with satisfactory behavioral foundations. (shrink)

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:Utility and Morality: Adam Smith's Critique of Hume Marie A. Martin Reading Smith's Theory ofMoral Sentiments one cannot help but note that, in spite ofthe obvious similarities between Smith and Hume and the equally obvious borrowings and adaptions Smith makesofportions of Hume's theory, the two differ substantially on the role of utility in morality. The difference is, in fact, practically diametrical opposition. Hume believed that utility was the "foundation (...) of the chief part of morals." Smith, on the other hand, believed that, while utility may contribute an additional beauty to virtue, it is never the source oftheir virtue and rarely the source of moral approbation. Given their agreement in so many other respects, why the difference regarding utility? To answer this question I shall examine both Smith's specific criticisms ofHume regarding the role ofutility in morals and his more general objections to any theory that makes an appeal to utility a foundation ofmoral approval. I shall show that, while Smith does raise anumber ofgenuine difficulties for Hume's theory, he does not succeed in his most serious criticism, that is, that Hume's theory does not adequately capture the essentially social nature ofmorality. Hume's View ofthe Role ofUtility AccordingtoHume, the sentimentofmoral approbation arisesfrom the perception ofqualities ofcharacter or mind which are either useful or agreeable to ourselves or others. Examples of qualities agreeable to ourselves include cheerfulness, confidence, self-respect, and taste. Examples of qualities agreeable to others include manners, wit, eloquence, andmodesty. But themajorityofourmoral sentiments arise from the perception of the usefulness of qualities, that is, "from reflexions on their tendency to the happiness of mankind, and of particularpersons."2 Utility or usefulness is nothing but a tendency to a certain end. But, Hume claims, "itis acontradictioninterms, thatany thingpleases as means to an end, where the end itself no wise affects us" (E 219). Thus, ifwe approve ofthose qualities thathave a tendency to promote the happiness or well-being of either the possessor or others, it must be eitherbecause we value theirhappinessin itselforbecause we value it as a means to our own interests. Volume XVI Number 2 107 MARIE A. MARTIN Hume rejects the second alternative as contrary to experienced fact. The "selfish systems" which attempt to reduce all moral approbation to self-interest cannot account for our praise and admiration ofthe courage and fortitude ofour enemies even when their consequences thwart our own interests. Neither can such systems account for the fact that "[w]e frequently bestow praise on virtuous actions, performed in very distant ages and remote countries; where the utmost subtilty ofimagination would not discover any appearance ofself-interest" (E 215-16). If it is not self-interest that leads us to approve useful qualities, thenitis clear that"[w]e must adopt amore public affection, and allow, that the interests ofsocietyare not, even on their own account, entirely indifferent to us" (E 219). We approve of qualities that promote the well-being of others because we have a natural concern for their welfare. In general, it is certain, that, wherever we go, whatever we reflect on or converse about, every thing still presents us with the view of human happiness or misery, and excites in our breast a sympathetic movement of pleasure or uneasiness. (E 221) Thus, our approval of useful qualities rests on their tendency to promote the happiness of those who possess or are affected by them, and this, in turn, rests on sympathy, the communication of passions, whereby we "feel" for others—happiness for theirjoys, sorrow for their miseries. So, althoughtheutilityofqualitiesofcharacteris notthe solecause ofour approbation, it is the most extensive and important one. It appears tobe matter offact, that the circumstance oíutility, in all subjects, is a source ofpraise and approbation: That it is constantly appealed to in all moral decisions concerning the merit and demerit ofactions: That it is the sole source ofthat high regard paid to justice, fidelity, honour, allegiance, and chastity: That it is inseparable from all the other social virtues, humanity, generosity, charity, affability, lenity, mercy, and moderation: And, in a word, that it is the foundation ofthe chief part of morals, which has a reference to mankind and our fellow-creatures. (E... (shrink)

In this paper, I investigate the betting behavior of a decision-maker who can influence the likelihood of the events upon which she is betting. In decision theory, this is best known as a situation of moral hazard. Focusing on a particularly simple case, I sketch the first systematic analysis of moral hazard in the canonical Savage framework. From the results of this analysis, I draw two philosophical conclusions. First, from an observational and a descriptive point of view, there need to (...) be no incompatibility between moral hazard and the Savage framework. This qualifies the incompatibility view, that is ubiquitous in decision theory. Second, in general, moral hazard is not sufficient to overcome the challenges posed by state-dependent utility to the behavioral identification of beliefs. This qualifies the sufficiency view, that is influential in decision theory. These two philosophical conclusions are the main contributions of my paper. (shrink)

This book is a general account of utilitarianism. It claims to provide a justification of the theses in Mill's On Liberty in utilitarian terms. There are several innovations relative to prevailing utilitarian literature of the day.

Partindo da tese de Pembroke, segundo a qual a doutrina da oikeiosis é umapeça essencial da filosofia estóica, procuramos demonstrar que é justamenteessa doutrina, que assegura a perfeita coesão entre Física e Ética na Escolaestóica. Para os estóicos, virtude é viver segundo a Natureza, ela será odesenvolvimento de um dom natural, a oikeiosis, a capacidade de todo servivo de reconhecer a si mesmo e aquilo que lhe é apropriado. Conciliando asinterpretações de Pohlenz e de White,entendemos com Chrysippo que as duas (...) naturezas se completam e que aordem racional é interior e exterior ao homem. Não há portanto contradiçãoentre naturalismo e racionalismo no Estoicismo.Partant de la thèse de Pembroke, selon laquelle la doctrine de l’oikeiosis estune pièce maîtresse de la philosophie stoïcienne, nous essayons de montrerque c’est justement cette doctrine qui assure la parfaite cohésion entrePhysique et Ethique dans l’Ecole stoïcienne. Pour les stoïciens, la vertu c’estvivre selon la Nature, elle sera le devéloppement d’un don naturel, l’oikeiosis,la capacité qu’a tout être vivant de se reconnaître et de reconnaître ce que luiest approprié. Conciliant les interprétations de Pohlenz et de White,, nous comprennons avec Chrysippe que lesdeux natures se complètent et que l’ordre rationnel est intérieur et extérieurà l’homme. Il n’y a donc pas de contradiction entre naturalisme etrationnalisme dans le Stoïcisme. (shrink)

The paper seeks to show that underlying Bentham's concept of utility is a commitment to a criterion or principle of moral status distinguishing morally relevant beings from the morally irrelevant. Further, that the notion of moral status is ultimately inconsistent with Bentham's utility; that it implies something like a Kantian ethic barring the use of morally relevant beings as mere means to some other's satisfaction, an ethic which suitably interpreted may be more useful in defence of some concerns for which (...) Bentham has traditionally been cited, animal rights for example. The paper concludes by noting the history and politics of moral status and argues that the concept involves a fusion of fact and value, the empirical and the evaluative, undermining assumptions of a rigid separation of the two and the consequent essential subjectivity of the latter. (shrink)

Cette étude porte sur la notion aristotélicienne de vertu morale dans son sens strict, c’est‑à‑dire entendue comme médiété fixée relativement à nous. L’analyse et la critique des interprétations dites « quantitatives » d’une part, « relativistes » d’autre part, résultent en une clarification de la définition donnée par les Éthiques (cf. 1106b36‑1107a6 et 1227b8-9).

That utility is not a sufficient test for a set of social rules to be morally binding upon a group of persons has been argued in a number of recent books and articles. Yet it is generally conceded in these arguments that a group's observance of rules makes possible greater benefits than would accrue if each did not associate himself with others under the rules. It is not denied that the practice of morality is socially advantageous. What is denied is (...) that social advantage is either the sole criterion or a sufficient criterion for the justifiability of any set of rules that could constitute the de facto system of moral requirements in a given society.What, then, is sufficient? The answer I am interested in defending in this paper is that both utility as an aggregative principle and justice as a distributive principle are each a necessary condition and together provide a sufficient condition for the justification of a moral code. In the first two parts of this paper, I shall explain how the concepts of justice and utility, respectively, are to be construed in the argument of the third part. (shrink)

One of the central problems of Cicero’s De officiis is honestum and its relation to utile. In Cicero’s book III of De Officiis it gains an expressive form of the question: Are these concepts principally equal, or antinomic? Cicero holds that the conflict between them is only artificial. Humanitas always has to be the priority; acting against it destroys social chains as well as the morality.

Theories of rationality advance principles that differ in topic, scope, and assumptions. A typical version of the principle of utility maximization formulates a standard rather than a procedure for decisions, evaluates decisions comprehensively, and relies on idealizations. I generalize the principle by removing some idealizations and making adjustments for their absence. The generalizations accommodate agents who have incomplete probability and utility assignments and are imperfectly rational. They also accommodate decision problems with unstable comparisons of options.